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Transition écologique : quel impact sur les compétences et la formation ?

Publié le 30 mai 2024
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Verdissement de l’économie, verdissement des métiers, verdissement des compétences. Que le point de départ soit une préoccupation écologique (changement climatique, protection de l’environnement…) ou économique (prix de l’énergie, raréfaction des ressources, confiance des investisseurs…), la tendance au verdissement se poursuit au niveau des organisations (démarche RSE, sobriété énergétique…). Elle touche également les collaborateurs, soucieux d’afficher des compétences en phase avec le marché.

La transition écologique impacte les compétences et les besoins de formation à tous les niveaux de l'entreprise.

Ainsi, près de deux cadres sur trois estiment que la transition écologique aura un impact important sur leur métier. C’est le constat de l’APEC dans une récente étude sur les enjeux de l’emploi des cadres en 2024 (hors-série, février 2024). L’organisme souligne également un paradoxe :

Un grand écart qui démontre que les organisations évoluent plus sûrement sous l’effet des réglementations.

« Les réglementations constituent un levier fort de la transition écologique. Elles obligent les métiers et les activités à se transformer », relève en effet l’APEC. « La réduction de la consommation énergétique et la prise en compte du cycle de vie des produits et des services sont les principales actions en cours. Le verdissement fait évoluer les façons de travailler ainsi que les métiers. De fait, lorsqu’elles recherchent des cadres, les entreprises n’hésitent pas à émettre des besoins en compétences ayant un impact positif sur l’environnement. » (Étude APEC – Transition écologique – La dynamique de verdissement des métiers cadres est engagée – Septembre 2023).

Des considérations qui rejoignent celles du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) qui planche « depuis plus de 10 ans sur la transition vers une économie plus verte et plus durable et sur ses implications sur la formation professionnelle ».

Cette transition écologique entraîne des besoins en compétences et en formation pour les travailleurs, tous niveaux de qualification confondus.

Cedefop

D’un côté, des métiers spécifiques à l’environnement se développent : gestionnaires des risques, manager environnemental, responsable QSE (qualité, sécurité, environnement). De l’autre, des métiers déjà existants requièrent une montée en compétences pour intégrer la dimension environnementale. Le verdissement des compétences s’observe donc dans différents secteurs : achats, gestion des déchets, numérique ou encore marketing. Les entreprises sont quant à elles confrontées à plusieurs défis : anticiper les besoins de compétences, sensibiliser les collaborateurs à la nécessité de se former, adapter leur politique de formation.

Alors, quelles sont les compétences à développer de façon prioritaire chez les collaborateurs ? Vers quelles formations se tourner ? Le point secteur par secteur avec les experts formation d’ORSYS !

La sobriété énergétique au service de la transition écologique

Subie ou choisie, la sobriété énergétique s’invite aujourd’hui à toutes les étapes de décisions dans l’entreprise. L’explosion des prix de l’énergie a remis au goût du jour la nécessité de faire plus avec moins, analyse Bertrand Coupet, spécialiste des stratégies bas carbone. Mais, concrètement, comment procéder ? 

1/ Réaliser un bilan carbone et sa stratégie bas carbone associée

2/ Mettre en place le micromanagement des flux

3 / Adopter une démarche ISO 50001 sur le management de l’énergie

4/ Réfléchir sur la raison d’être et le modèle économique de l’entreprise

5/ Mettre en place l’économie de la fonctionnalité et l’écoconception des produits

6/ Sensibiliser les collaborateurs

Soit autant d’axes à investir en vue de développer les compétences des collaborateurs.

Et pour aller plus loin, certaines entreprises pourront se tourner vers un spécialiste des questions énergétiques : l’energy manager.

Energy manager : quelles sont les compétences requises ?  

Métier clé de la gestion de l’énergie, l’energy manager joue un rôle essentiel pour optimiser l’efficacité énergétique et réduire l’empreinte carbone des entreprises. Dans un contexte d’envolée des prix de l’énergie et de prise de conscience croissante des enjeux environnementaux, il occupe désormais une position stratégique. Grâce à lui, les organisations peuvent atteindre leurs objectifs de durabilité et de rentabilité tout en respectant leurs obligations réglementaires. Les compétences requises ? Entre autres : des connaissances relatives aux systèmes énergétiques, aux procédés thermiques et mécaniques, au cycle de vie des bâtiments et à leurs référentiels d’évaluation (HQE®, BREEAM, WELL, LEED), la maîtrise des normes ISO, des techniques de gestion de projet, de langages de programmation et de calcul techniques (Python, MATLAB…).

Transition écologique : la réduction carbone passe par les achats

Les acheteurs sont en première ligne pour réduire l’empreinte carbone de leur entreprise. C’est la conviction de Martine Pallot, évaluatrice du Label « Relations Fournisseurs et Achats Responsables ». À ce jour, ils contribuent déjà à réduire les consommations d’énergies, faire évoluer le mix énergétique vers les énergies renouvelables, privilégier l’électrique pour renouveler les flottes de véhicules ou encore accompagner les démarches green IT.

Développer les compétences en « capital fournisseur »

Pour aller plus loin, ils doivent aussi prendre en compte les émissions de CO2 des fournisseurs. Cela implique de développer des compétences en matière de capital fournisseur. En effet, les acheteurs doivent être capables de communiquer, partager les enjeux, développer une relation fournisseur basée sur l’écoute, la confiance et la coopération. Concrètement, cela leur permettra de mieux accompagner les fournisseurs dans la quantification de leurs émissions, la définition d’objectifs de réduction et la mise en place de stratégies bas-carbone.

Former aux achats responsables

La décarbonation des achats est également l’une des actions prioritaires de la démarche d’achats responsables. Pour Yann Le Coz, expert et formateur en achats responsables, c’est un enjeu majeur pour les plus grandes entreprises depuis la publication du décret dit BEGES. Ce décret du 1er juillet 2022 relatif aux bilans d’émissions de gaz à effet de serre a en effet étendu le périmètre du bilan aux émissions indirectes significatives. Or, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du scope 3 d’une entreprise représentent souvent plus de 60 % de ses émissions.

Réaliser son bilan carbone est la première étape. Cela permet d’identifier ses principaux facteurs d’émission de GES et d’élaborer un plan d’action pour les réduire à moyen terme. Les acheteurs peuvent ainsi valoriser les fournisseurs les plus avancés en matière de réduction des émissions de GES. Plus particulièrement dans le cadre du développement d’un nouveau produit dans une approche d’écoconception.

Mieux gérer les déchets dans une optique d’économie circulaire

« Extraire, fabriquer, consommer, jeter » résume bien le modèle économique linéaire dominant. Ses impacts négatifs sur l’environnement sont aujourd’hui incontestables. Dans le même temps, certaines ressources connaissent une pénurie : bois, matériaux de construction, papier, aluminium, vinyle, blé ou encore semi-conducteurs. Enjeux écologiques et économiques se rapprochent donc jusqu’à aboutir à un consensus : l’économie circulaire doit être le pilier d’un nouveau projet de société. Ainsi plaide Catherine Viale, consultante et formatrice.

L’économie circulaire au service de la transition écologique

L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie) ainsi que la production de déchets. Cela nécessite de repenser chaque étape de la production d’un bien, jusqu’à sa livraison au client. Très souvent, il faut donc développer les compétences des collaborateurs grâce à des actions de formation. Et ce, dans différents domaines.

Les compétences à prioriser

La priorité va être de développer les compétences en matière de gestion des déchets. L’enjeu ? Définir et mettre en place les moyens organisationnels et techniques « économiquement acceptables » pour parvenir à un niveau de gestion n-1 pour tous les déchets. L’idée, c’est de procéder étape par étape jusqu’à leur réduction à la source. Pour cela, des compétences en gestion de projet s’avèreront très utiles.

La hiérarchie préférentielle de traitement des déchets

Economie circulaire : la hiérarchie préférentielle de traitement des déchets est définie par le code l'environnement.

Transition écologique : quoi de neuf dans le marketing ?

Un marketing plus durable et responsable

Pourquoi bâtir une stratégie de marketing durable ? Une des raisons, pour les marques, est de s’adapter à l’évolution des comportements des consommateurs, en pleine prise de conscience des enjeux environnementaux. Une fois la décision prise, reste à structurer la démarche en évitant le piège du goodwashing. Pour Clarisse Popower, experte en marketing digital responsable, la feuille de route d’une stratégie de marketing durable et responsable passe par 5 étapes.

1/ Déterminer sa raison d’être et son manifeste de marque

2/ Choisir un statut en corrélation avec son activité (entreprise à mission, association, coopérative, ESS)

3/ Définir une ligne directrice du mix marketing cohérente avec la raison d’être de la marque

4/ Mobiliser toutes les parties prenantes de l’entreprise

5/ Être cohérent dans la mise en marché des produits ou services

Parmi les compétences à développer, la communication arrive en bonne place. Il s’agit en effet de réinventer une communication responsable tant sur le fond que sur la forme.

Intégrer l’économie circulaire dans sa stratégie marketing

Il faut désormais faire plus et mieux avec moins, souligne Clarisse Popower. L’enjeu, pour les entreprises, est à la fois de suivre des pratiques plus responsables, mais aussi et surtout d’imaginer des modèles plus vertueux pour tendre vers des modes de consommation durables. En d’autres termes, passer d’une économie linéaire à une économie circulaire.

Mais comment procéder ? Repenser sa proposition de valeur pour tendre vers un modèle plus viable, via des modes de consommation plus durable, est une nécessité. De plus en plus d’entreprises explorent ainsi de nouveaux modèles économiques basés sur des principes de production et de consommation responsables. À chacune de trouver son propre modèle. Ou bien de s’inspirer de modèles économiques ou stratégies marketing plus durables inspirés par l’économie circulaire. Par exemple : permaentreprise, économie de la fonctionnalité, consommation raisonnée, écologie industrielle et territoriale, approvisionnement durable ou local, écoconception. Autant de changements qui vont nécessiter la mise à niveau des connaissances et compétences de l’entreprise dans des domaines variés : conduite du changement, gestion de projets, achats responsables, écoconception…

IT responsable : transition écologique en vue !

La question des achats IT responsables devrait devenir de plus en plus prégnante dans les entreprises, souligne Jean-Anaël Gobbe, qualiticien des services numériques spécialisé en green IT.

Sensibiliser les collaborateurs à la sobriété numérique

Une politique d’achats IT responsables s’inscrit au cœur d’une démarche RSE et s’appuie sur la sobriété numérique. C’est pourquoi, outre des compétences en IT et en achats, il faut aussi développer des compétences en communication interne pour sensibiliser les collaborateurs à un usage plus responsable des ressources numériques.

Les cinq critères des achats IT responsables

Optimiser son code, un enjeu environnemental

Au-delà de la question des achats de matériel ou de logiciel, la réduction de l’impact du numérique sur l’environnement dépend aussi de la conception des services numériques. Ainsi, il devient fondamental de développer des compétences en matière d’écoconception pour concevoir des services numériques les moins énergivores possibles.

Transition écologique : les RH au service d’un verdissement généralisé

Pour preuve d’un élan vers un verdissement généralisé des compétences, les décideurs formations sont eux aussi encouragés à anticiper les conséquences de la transition écologique sur les métiers, les emplois et les compétences dans l’entreprise. C’est un des impacts de la loi « climat et résilience » du 22 août 2021.

Quand la transition écologique impacte la fonction formation…

… et l’ensemble de la fonction RH

Formation, dialogue social, recrutement, marque employeur… c’est l’ensemble de la fonction RH qui est impacté dans ses missions quotidiennes.

Cela implique notamment de renforcer les compétences en communication RH, qu’il s’agisse d’attirer ou de retenir les talents. C’est justement le point fort du responsable marketing RH, métier émergent.

Mais on peut aussi choisir de développer ces compétences chez les collaborateurs chargés du recrutement. Il s’agira tout d’abord de les former aux outils de gestion des contenus (CMS) et aux logiciels de conception graphique (PAO). D’autres formations pourront leur permettre de développer de solides compétences rédactionnelles, d’acquérir les techniques de prise de parole en public ou encore de maîtriser les méthodes et les outils de la gestion de projet.

Vers un dialogue social environnemental ?

Le verdissement des compétences s’observe aussi dans le dialogue social des entreprises, sous l’effet de la loi « climat et résilience ». Ainsi, le comité social et économique (CSE) doit être informé et consulté sur les conséquences environnementales des mesures qui intéressent l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise. Les questions d’impact environnemental sont donc appelées à prendre de plus en plus de poids dans son ordre du jour, comme le relève Le Monde. Bien que non décisionnaires, les CSE apparaissent comme contre-pouvoir. Mais, comment faire sans moyens supplémentaires ? Pousser l’entreprise à faire un bilan carbone, l’inciter à former les salariés au numérique responsable ou encore à diriger l’épargne salariale vers des fonds respectueux de l’environnement sont quelques pistes à explorer. DRH et élus gagneront donc à développer leurs compétences en droit de l’environnement. Il faudra aussi créer et alimenter correctement la BDESE (base de données économiques, sociales et environnementales).

À retenir : toutes les fonctions de l’entreprise sont concernées par une mise à niveau des compétences pour s’adapter la transition écologique. Il est indispensable d’embarquer tous les décisionnaires et managers pour sécuriser les étapes structurantes de la démarche. Des relais doivent également être identifiés dans tous les services pour sensibiliser et accompagner l’ensemble des collaborateurs dans les changements de pratiques. Enfin, il faut garder en tête que la réussite d’un projet d’envergure passe aussi par la formation des collaborateurs !

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