Accueil > Métiers > Ressources humaines > Prévention de l’épuisement professionnel : le rôle des RH

Prévention de l’épuisement professionnel : le rôle des RH

Publié le 5 juin 2025
Partagez cette page :

L’épuisement professionnel ou burn-out est un sujet de préoccupation majeure. L’éclairage de Marine Gandouet, coach et formatrice, pour mieux le comprendre, le détecter et l’éviter.

Image d'illustration de l'article sur la prévention de l'épuisement professionnel

Selon le 14e baromètre « État de santé psychologique des salariés français » d’OpinionWay pour Empreinte Humaine, 31 % des salariés sont exposés au risque de burn-out en 2025, dont 10 % à un niveau sévère (arrêt maladie avec risque d’hospitalisation et besoin d’accompagnement psychologique). Cela représente environ 2,5 millions de personnes. 

Le stress au travail était par ailleurs la première cause d’arrêt maladie en France en 2022. 

C’est pourquoi les RH jouent un rôle clé dans la prévention de l’épuisement professionnel pour préserver la santé des salariés et de l’entreprise.

Comprendre l’épuisement professionnel

Définition du burn-out

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le burn-out comme un syndrome résultant d’un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré avec succès.

Il se caractérise par trois dimensions :

  • un sentiment de perte d’énergie ou d’épuisement
  • une prise de distance croissante vis-à-vis de son travail, des émotions négatives ou du cynisme vis-à-vis de son emploi
  • une réduction de l’efficacité professionnelle

Par ailleurs, le terme anglais « burn-out » signifie brûler jusqu’à ce que toute substance énergétique disparaisse. C’est donc l’action de se consumer entièrement. Autrement dit, une personne en burn-out se vide de son énergie, se sent épuisée physiquement, psychologiquement et émotionnellement, et développe un sentiment de dépréciation vis-à-vis d’elle-même. Cet épuisement prend sa source dans le cadre professionnel. Il se met en place de manière insidieuse, au fil du temps.

Il s’agit d’un déséquilibre entre les dépenses d’énergie et les ressources/gains d’énergie. Le problème n’étant pas la dépense d’énergie mais le fait de dépenser plus d’énergie que sa capacité à se régénérer.

Exemple : utilisé tout au long de la journée, un téléphone portable se décharge jusqu’à ne plus avoir de batterie. S’il n’est pas rechargé, il ne peut pas être utilisé à nouveau. Sa recharge est indispensable. Pour l’humain, c’est la même chose. En guise de régénération, il a besoin de temps de repos pour retrouver l’équilibre et faire face à ses dépenses d’énergie.

Causes de l’épuisement professionnel et facteurs de risques

Si les sources principales de l’épuisement professionnel s’expliquent par le monde du travail et la relation établie entre la personne et son travail, de nombreux autres facteurs entrent en jeu.

Dans son livre Guide du burn-out, comment l’éviter, comment s’en sortir, l’auteure Anne Everard fait l’état des lieux des différentes causes de l’épuisement. Voici une carte mentale qui en résume l’essentiel.

Les causes du burn-out ou épuisement professionnel sont présentées sous forme de mind map, qui identifie 5 causes principales : le monde du travail, le débordement de la vie professionnelle sur la vie personnelle, l'hyperconnectivité ainsi que des causes individuelles et sociétales.

Certaines personnes ont ainsi un profil à risque, avec souvent le même type de caractéristiques.

En effet, elles sont :

  • motivées
  • très engagées dans leur travail
  • perfectionnistes
  • fiables
  • plus à l’écoute du besoin des autres que de leurs propres besoins

En plus de cela, elles demandent peu d’aide.

Le rôle stratégique des RH dans la prévention

La prévention des risques psychosociaux (RPS) représente un enjeu pour l’ensemble des acteurs du monde du travail. Au-delà de l’aspect réglementaire obligatoire pour l’employeur, les actions de prévention sont précieuses pour l’entreprise pour préserver le capital humain et garantir la réalisation des objectifs stratégiques et opérationnels.

Identification des signes avant-coureurs de l’épuisement professionnel

Dans un 1er temps, savoir détecter le risque en repérant les signaux d’alerte d’épuisement des collaborateurs est essentiel. Les RH doivent donc accompagner les managers pour qu’ils développent leurs compétences d’observation et de questionnements.

1/ Les signes d’alerte à titre individuel

Ces indicateurs d’alerte permettent de situer le salarié sur une échelle d’épuisement.

Les managers peuvent ensuite proposer des tests complémentaires aux salariés, comme le MBI (test d’inventaire de burn-out de Maslach) ou le CBI (Copenhagen Burnout Inventory). Il s’agit d’amener les salariés à une prise de conscience, sans pour autant leur demander les résultats qui leur appartiennent.

2/ Les signes d’alerte au niveau de l’entreprise

À l’échelle de l’entreprise, d’autres indicateurs sont des marqueurs de la progression de l’épuisement.

Par exemple :

  • Augmentation de l’absentéisme : retards, absences
  • Croissance du nombre d’arrêts de travail
  • Diminution de la productivité
  • Dégradation des conditions de travail : accidents du travail
  • Impact dans les relations interpersonnelles : tensions dans les équipes, démotivation

La prévention, une politique RH qui s’exerce dans un cadre légal et réglementaire

Prévention, de quoi parle-t-on ?

Agir en prévention, c’est mettre en œuvre un ensemble d’actions afin de prévenir un risque. Ici, il s’agit de prévenir un risque d’épuisement de l’énergie vitale, cette ressource qui s’épuise.

Il existe trois niveaux de prévention : primaire, secondaire, tertiaire.

Prévenir c’est : observer pour repérer le risque, mesurer pour alerter, agir pour stopper et retrouver l’équilibre.

Il existe 3 niveaux de prévention : primaire, secondaire et tertiaire.

PRIMAIRE : absence de signes d’épuisement, état d’équilibre.

SECONDAIRE : détection de signes précoces, début du déséquilibre.

TERTIAIRE : présence de signes d’épuisement avancés, dysfonctionnement et pathologies.

Pour chaque niveau, il est ainsi possible de calibrer des actions spécifiques.

Exemple d’actions à mettre en place par les RH

En prévention primaire : information, sensibilisation, formation

L’entreprise peut initier un certain nombre d’actions en prévention primaire alors qu’aucun signal n’est détecté. C’est l’idéal pour acquérir et développer des aptitudes qui maintiennent un état d’équilibre.

De nombreux formats peuvent être proposés sur le sujet de l’épuisement professionnel et de la gestion du stress, que ce soit pour les salariés ou pour les managers de proximité :

  • Lettres d’information
  • Conférences
  • Sensibilisations
  • Ateliers
  • Formations

Par exemple :

Plus ces formats sont opérationnels, plus la prévention est efficace. En effet, être en mesure d’identifier les signaux d’alerte d’épuisement et de mettre en place une routine pour se régénérer aide chaque salarié à se préserver face à des situations stressantes énergivores.

En prévention secondaire : mettre en place une organisation et des moyens adaptés

Si les premiers signaux d’alerte individuels sont déjà présents, des actions de prévention secondaires doivent être déployées tout de suite. Cela passe par :

1/ d’abord, une écoute

2/ puis, des actions à adapter au cas par cas

Par exemple :

  • prendre rendez-vous avec la médecine du travail
  • proposer une formation ou un accompagnement individuel sur l’épuisement
  • aménager le temps de travail (proposition d’un temps partiel ou d’un télétravail)
  • accompagner la reprise de poste après une longue période d’arrêt (proposer un entretien de reprise systématiquement)

Que faire en cas de déni de l’épuisement professionnel ?

Une phase de déni peut être présente. Le déni est un mécanisme propre à chacun, dont l’intention positive est de se protéger.

Voici une bonne pratique à communiquer aux managers : rester factuel. Autrement dit, s’appuyer sur des observations concrètes.

Par exemple :

  • Lucie, j’ai remarqué que, depuis un mois, tu ne manges plus avec tes collègues sur la pause du midi.
  • J’ai aussi constaté que tu prends ton téléphone pour le consulter à chaque réunion, ce qui n’était pas le cas avant.
  • Depuis 6 mois, j’observe que ta posture a changé. Tu te masses les épaules et le cou plusieurs fois par heure.
  • Je m’inquiète car je constate que ces changements illustrent une tension physique, des difficultés de concentration et de l’isolement. Comment vas-tu ?

Malgré ce constat, le manager doit garder à l’esprit que l’acceptation peut prendre des mois. Les bons réflexes sont alors de rester à l’écoute, de partager ses observations factuelles et de questionner régulièrement « comment tu te sens en ce moment ? ».

Structurer la démarche de prévention en 4 étapes

Enfin, pour être efficace, il est essentiel de structurer une démarche concrète de prévention des risques psychosociaux.

En définitive, l’épuisement professionnel est présent dans toutes les entreprises. Il est insidieux et s’installe dans le temps. La prévention par l’entreprise et les RH est indispensable. Il s’agit d’observer pour repérer le risque, mesurer pour alerter, agir pour stopper et retrouver l’équilibre. Plus des actions concrètes seront mises en place avant tout signe d’épuisement, plus celui-ci sera limité. Les bénéfices se ressentiront tant sur la santé des salariés que sur celle de l’entreprise.

Notre expert

Marine GANDOUET

Gestion du temps, organisation personnelle

Assistante marketing pendant 7 ans auprès de la direction d’une TPE, elle développe des compétences transverses […]

domaine de formation

formations associées