Les formations en classe à distance, ou classe virtuelle, sont devenues incontournables. Gain de temps (pas de déplacement) et possibilité de les effectuer en télétravail sont les deux avantages majeurs. Mais il se dit que l’engagement est plus difficile pour les participants… Vrai et faux à la fois. En effet, tout dépend des pratiques formatives déployées par les formateurs pour rendre la classe à distance dynamique et stimulante. Alors, comment les formateurs s’assurent-ils de garder l’attention des apprenants ? Et comment veillent-ils à leur montée en compétences ? Exploration des bonnes pratiques avec la formatrice Marine Gandouet.
Classe à distance : des méthodes pédagogiques adaptées
Les travaux de John Medina, professeur à l’université d’État de Washington, révèlent que le taux d’attention d’un adulte diminue de 80 % au bout de 10 minutes. En formation, il est donc primordial de mettre en place des méthodes pédagogiques adaptées pour capter l’attention des apprenants et favoriser la mémorisation.
Vers des méthodes plus actives et collaboratives
Plus les participants vont créer eux-mêmes le savoir, plus ils vont expérimenter, comprendre, mémoriser et transposer les informations. La méthode magistrale/descendante est ainsi à utiliser avec parcimonie, surtout en classe à distance.
Classe à distance, de quoi parle-t-on ?
Par opposition à la formation présentielle, lors d’une classe à distance, participants et formateur ne sont pas réunis dans la même pièce. Un système de visioconférence (Teams…) leur permet toutefois de se réunir virtuellement. C’est pourquoi on parle également de classe virtuelle.
Autrement dit, la classe à distance permet à plusieurs participants de suivre la même formation, certes à distance, mais en temps réel (mêmes jours, mêmes horaires). Les participants et le formateur peuvent ainsi se voir, discuter entre eux, participer ensemble à des activités interactives et s’échanger des documents. La classe à distance se distingue donc des modules d’e-learning qui sont des cours préenregistrés, consultables à tout moment, et sans interaction directe avec un formateur ou d’autres apprenants.
Il est nécessaire de créer un environnement d’apprentissage stimulant et efficace. Le formateur devient aussi facilitateur.
3 leviers peuvent être utilisés par les formateurs :
1/ Favoriser l’engagement des apprenants
Exemple : recueillir leurs attentes, donner du sens à la formation, les aider à se situer dans leurs connaissances et apprentissages, transposer les nouvelles compétences vers les activités professionnelles futures, valoriser verbalement les contributions/participations, les encourager à poser des questions…
2/ Favoriser la collaboration des apprenants
Exemple : encourager la collaboration en utilisant des outils de travail collaboratif comme des tableaux blancs virtuels ou des salles de discussion en ligne avec un exercice où chacun a un rôle (gestion du temps, script, porte-parole…).
3/ Maintenir l’attention en créant du rythme
Exemple : intégrer des éléments interactifs dans le déroulé pédagogique, tels que des sondages en direct, des quiz, des jeux, des vidéos, des brainstormings…
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Favoriser une stratégie d’apprentissage efficace grâce au Triple A
C’est le parfait allié pour structurer et dynamiser les formations : le Triple A. Il se décompose en 3 phases : « Appel », « Apport » et « Ancrage ».
Appel
Cette phase permet l’activation, elle vise à susciter l’intérêt des apprenants, et/ou à mesurer leur niveau de connaissance sur le sujet à venir.
Exemples pour faire un « appel » :
- Montrer une image percutante
- Lancer un brainstorming
- Faire un sondage
- Montrer une vidéo
- Utiliser des photos et en faire choisir une (photolangage)
- Raconter une anecdote
Apport
Cette phase est celle de l’acquisition. Sont présentés les concepts, les informations ou les compétences clés que les apprenants doivent acquérir. En méthode active, le formateur peut préparer son déroulé de manière que ce soit les apprenants qui créent le savoir.
Exemples pour faire un « apport » :
- Expliquer les notions clés avec un support
- Explorer ensemble une étude de cas
- Faire une démonstration
- Explorer un jeu de cartes personnalisé
- Faire une recherche sur Internet
- Montrer une vidéo
Ancrage
C’est la phase d’application. Elle vise à aider les apprenants à intégrer les nouveaux apprentissages et permet de vérifier la progression pédagogique.
Exemples pour faire un « ancrage » :
- Mise en situation
- Jeu de rôle
- Étude de cas
- Quiz
- Exercice
- Divers jeux digitaux pour réviser les notions (texte à trous, roue qui tourne, mots croisés, fiches de révision, cartes à trier par groupes…) Voir le site https://wordwall.njet
Le Funny Learning®
Le Funny Learning® propose une pédagogie centrée sur l’apprenant permettant de satisfaire les besoins de chacun, et ce même en très grands groupes.
Cette pédagogie se base notamment sur les 4 préférences d’apprentissage en situation de formation : Observation, Action, Partage, Réflexion.
Chacun a inconsciemment des préférences pour apprendre. Des préférences qui sont différentes d’une personne à l’autre. Par défaut, un formateur peut donc avoir tendance à animer en fonction de ses préférences à lui. Or, il doit aussi tenir compte des autres préférences et s’ajuster à celles des participants.
4 préférences d’apprentissage
La bonne pratique ? Alterner les préférences d’apprentissage tout au long de la journée grâce aux outils digitaux. Ainsi, chaque participant bénéficiera de séquences de formation adaptées à ses préférences d’apprentissage.
Évaluation des apprenants et atteinte des objectifs : en classe à distance aussi !
Si capter l’attention des apprenants et faciliter la mémorisation est important, vérifier la montée en compétence pour chacun l’est tout autant, notamment en classe virtuelle.
3 moments clés pour évaluer
Évaluation prédictive :
Avant la formation, ou au démarrage, il est important de constater d’où part le participant : quelles sont ses connaissances, ses représentations et ses expériences sur le sujet.
Mise en œuvre :
→ avec un questionnaire d’autopositionnement, un quiz ou un sondage
Évaluation formative :
Celle-ci a lieu durant toute la formation et on peut la vérifier grâce au 3e « A » du « triple A » : l’Ancrage.
Mise en œuvre :
→ avec une mise en situation, un quiz, un exercice…
Évaluation sommative :
Elle vise à évaluer la montée en compétence finale et globale des apprenants à la fin d’une période d’apprentissage.
Mise en œuvre :
→ quiz final, étude de cas finale, mise en situation, résumé…
Au-delà des 3 temps dédiés à l’évaluation, les attentes des participants sont un élément crucial de la formation.
Le fil rouge des attentes individuelles des participants
Cela implique de faire le lien à différents moments clés sur « pourquoi » les participants font cette formation. D’une part, cela permet au formateur de donner du sens, et donc de motiver le participant à s’investir. D’autre part, cela lui permet de mieux orienter et personnaliser la formation au fil de l’eau. Deux aspects qui concourent à une meilleure atteinte des objectifs pour les participants.
Voici des moments clés pour recueillir les attentes :
- Au démarrage de la formation : post-its digitaux, dans le chat, prise de note sur le tableau blanc ou en mind map.
- Tout au long de la formation « faire du lien en fil rouge » : « où en êtes-vous dans vos attentes ? Où vous situez-vous ? De quoi avez-vous besoin ? ». Lors d’une formation à distance, le formateur peut questionner à l’oral, utiliser le chat, ou encore recourir à des images ou des personnages pour aider les participants à se situer.
- À la fin de la formation : à l’oral en reprenant les notes de chaque participant et en lui demandant : « avec quoi repars-tu ? », « où en es-tu par rapport à tes attentes initiales, après 2 jours de formation ? »
Classe à distance : tirer le meilleur parti des outils d’interactivité
Comment les formateurs choisissent-ils les bons outils digitaux en classe virtuelle ?
Le point de vigilance avec les outils digitaux, c’est de ne pas perdre le lien et l’attention des participants. Soit parce que les outils utilisés sont trop nombreux. Soit parce qu’ils ne savent pas utiliser l’outil. Utiliser trop d’outils ou le mauvais outil risque aussi de complexifier les apprentissages. C’est pourquoi le formateur ne les choisit pas au hasard mais pour atteindre un objectif précis.
Quel outil pour quelle intention pédagogique ?
Intentions pédagogiques | Exemples d’outils digitaux |
---|---|
Préparer la formation en amont | Formulaires Google Forms Formulaires DragnSurvey |
Structurer la formation et favoriser le suivi | Padlet pour afficher le déroulé pédagogique complet |
Dynamiser le groupe | Genially pour créer un serious game Wordwall avec la roue aléatoire : effets visuels et sonores assurés ! |
Introduire un sujet (susciter la curiosité, prendre la température sur les connaissances des participants) | YouTube pour visionner une vidéo Edpuzzle pour concevoir un quiz vidéo Wooclap pour créer un sondage |
Donner du contenu aux participants avec des présentations dynamiques ou percutantes | Genially pour une présentation ou une image interactive Prezi pour réaliser une présentation innovante |
Ancrer les apprentissages | Wooclap ou Kahoot! pour un quiz Post-it colibris : les participants écrivent sur des post-it numériques ce qu’ils retiennent de la séquence |
En classe à distance, encore plus que lors d’une formation présentielle, les meilleures pratiques formatives au service des participants mettent l’accent sur l’engagement, la collaboration et le maintien de l’attention. Le concept du Triple A (Appel, Apport, Ancrage) constitue un guide pour structurer efficacement les formations. La méthode du Funny Learning® propose une approche centrée sur l’apprenant et adaptée à différentes préférences d’apprentissage. L’évaluation s’avère cruciale, à toutes les étapes de la formation. Enfin, il est important de choisir les bons outils digitaux pour des intentions pédagogiques spécifiques.
[Parole d’expert]
« Ce que j’aime le plus en classe à distance : voir la cohésion de groupe se créer derrière les écrans. »
Marine Gandouet, formatrice
Pour moi, l’animation de la formation Former autrement : animer une classe virtuelle est particulière car je m’adresse à des pairs. Je prends d’ailleurs plaisir à le leur dire dès le début de la formation. Je leur exprime que cette formation est double pour moi : « ils sont à la fois participants et à la fois observateurs de mes pratiques. Ce qu’ils vont aimer dans mon animation, ils pourront le garder pour eux. Ce qu’ils aimeront moins, ils ne le garderont pas. Nous sommes sur un même niveau. Moi aussi je vais apprendre grâce à eux durant ces 2 jours. »
Une des difficultés que j’ai rencontrée lors d’une récente session : garder le contact visuel/son avec les apprenants.
Deux d’entre eux ont éteint leur caméra car ils n’avaient pas assez de bande WiFi. C’est en effet conseillé dans ce cas-là. Comme je ne les voyais pas, j’ai donc été très vigilante en les sollicitant régulièrement. Par exemple : « tout va bien pour toi Enora ? », « Où en es-tu dans l’exercice ? ». Lors de brefs échanges, ils ont pu rallumer leur caméra. Leur intention étant de garder le lien. Un autre participant n’avait plus de son à un moment donné. Je lui ai demandé de m’appeler sur mon téléphone, j’ai mis le haut-parleur et le groupe a pu l’entendre s’exprimer.
Former en classe virtuelle, c’est aussi savoir s’adapter aux aléas techniques. Et cela demande de la créativité aux formateurs.
2 choses que j’aime le plus en classe virtuelle
- Voir la cohésion de groupe se créer derrière les écrans.
- Avoir des retours positifs sur l’utilisation des outils digitaux par les participants : ils sont souvent surpris que cela puisse être aussi dynamique !