Le monde du travail continue de se transformer chaque jour, à un rythme rapide, poussant les collaborateurs comme leurs managers à s’adapter. Au-delà des compétences techniques (savoir-faire), ils doivent acquérir et entretenir des comportements adaptés, savoir-être professionnels, compétences transversales… qu’on appelle aussi soft skills. Alors, quelles sont les soft skills indispensables en 2025 ? Rémy Jourdan, coach certifié et formateur, spécialiste de l’accompagnement en développement personnel, management et communication interpersonnelle, explore le monde du travail et présente les soft skills les plus recherchées.
Dans notre société VUCA toujours plus rapide, immédiate, complexe et incertaine, il est important d’anticiper. Plusieurs tendances majeures se dessinent en 2025, influençant la manière dont vous travaillerez.
Qu’est-ce qu’une société VUCA ?
V
Volatility
Volatilité
U
Uncertainty
Incertitude
C
Complexity
Complexité
A
Ambiguity
Ambiguïté
Il s’agit d’une société caractérisée par un environnement instable. Ce terme a été popularisé dans les années 1990 par l’armée américaine pour décrire la situation géopolitique après la Guerre froide. Il est désormais largement utilisé dans le domaine de la gestion et du leadership pour caractériser les environnements dynamiques et changeants.
1/ TIC, IA et démarches collaboratives
Applications et plateformes numériques, e-learning, big data, Internet des objets, cloud computing, cybersécurité… L’explosion de l’intelligence artificielle et de l’automatisation continue de transformer les métiers. Ce qui pousse les travailleurs à se concentrer sur des activités plus créatives et à plus forte valeur ajoutée. Selon le Forum économique mondial, 85 millions d’emplois seront remplacés par l’automatisation d’ici fin 2025. Mais 97 millions de nouveaux rôles émergeront, demandant des compétences humaines et technologiques accrues.
Le télétravail et le travail hybride, combinant travail à distance et présence au bureau, ne sont plus expérimentaux mais totalement intégrés dans le monde de l’entreprise. D’autant que la visioconférence et les outils collaboratifs sont de plus en plus nombreux et performants. Par exemple : Slack, Teams, Trello, Asana, Klaxoon, Dropbox, Discord.
Quelles sont les soft skills adéquates ?
Une étude de McKinsey (juin 2023) indique que 75 % des entreprises ont adopté au moins une technologie numérique à un rythme accéléré depuis la pandémie, et 65 % des employés utilisent des outils collaboratifs quotidiennement. Outre l’évidente nécessité d’une ouverture d’esprit envers cette technologie toujours plus prégnante, l’homme au travail doit faire preuve d’adaptabilité, voire gérer le stress que l’envahissement technologique peut générer.
Chez Unilever par exemple, les employés bénéficient de la flexibilité du travail hybride, mais passent au moins 40 % de leur temps au bureau pour favoriser la collaboration et la créativité.
Avec des équipes souvent dispersées géographiquement et des modes de collaboration nouveaux, il doit aussi avoir une communication interpersonnelle performante. Il s’agit de : la communication en environnement virtuel, l’écoute active, l’assertivité, l’interculturalité, la gestion de conflits.
Les managers doivent être techno compatibles pour montrer l’exemple et être en harmonie avec les millenials. Plus généralement, ils ont à développer un management intergénérationnel et surtout à conduire le changement (la seule chose qui ne change plus est le changement lui-même !).
Témoignage
« Dans notre entreprise technologique, la communication virtuelle est devenue notre principal outil de travail. Le défi est de s’assurer que chacun se sente inclus et entendu, même à distance. Les compétences d’écoute active et d’assertivité sont devenues indispensables pour maintenir la cohésion de l’équipe. » — Responsable RH d’une entreprise de logiciels
Imaginez un chef de projet travaillant sur un produit numérique avec des équipes dispersées à travers le monde. La réussite du projet repose sur sa capacité à communiquer efficacement en visioconférence, à écouter activement les préoccupations des membres de l’équipe et à résoudre les conflits à distance, en tenant compte des différences culturelles.
Formation
Quelles techniques ?
- Approche cognitive : croyances limitantes, injonctions…
- Approche émotionnelle : empathie, ancrage positif…
- Approche corporelle : respiration, relaxation…
Approche comportementale : gestion des conflits…
Formation
Développer une communication interpersonnelle authentique et constructive
La démarche ORVIEC en 6 étapes
1) Observer la situation et la décrire
2) Reformuler les remarques ou les critiques
3) Verbaliser ses sentiments et ses attitudes
4) Identifier et exprimer ses besoins
5) Faire une demande claire. S’assurer qu’elle est réalisable, concrète, précise et formulée positivement
6) Conclure de manière positive et conviviale
Formation
Intégrer et manager la génération Z
Étude de cas : à partir d’un scénario donné, dégagez des solutions innovantes d’intégration de la génération Z.
- Jeu de rôle : gérer efficacement les conflits transgénérationnels
Débriefing collectif
2/ Apprentissage continu
Cette profusion d’outils numériques ne va pas sans corollaire : il faut les maîtriser et les mettre à jour. Et cela passe évidemment par la formation ! La rapidité des changements technologiques et des modes collaboratifs exigera en effet des travailleurs une attitude d’apprentissage continu. McKinsey souligne que la moitié des compétences essentielles en 2024 ne seront plus pertinentes cette année. Les organismes de formation et les plateformes d’apprentissage en ligne ne sont pas prêts de disparaître. Selon une enquête LinkedIn Learning de 2023, 94 % des employés déclarent qu’ils resteraient plus longtemps dans une entreprise si celle-ci investissait dans leur développement de carrière. Et d’après Deloitte, la durée de vie moyenne des compétences est à présent de 5 ans environ !
Collaborateurs et managers doivent plus que jamais considérer la formation comme une démarche permanente et continue. Certains devront même « apprendre à apprendre ».
Quelles sont les soft skills appropriées ?
Plusieurs thèmes sont déjà incontournables : la résolution de problèmes,la pensée analytique ou encore la gestion de projet. La pensée analytique est la capacité à analyser des informations complexes de manière logique et méthodique.
Exemples
Un data analyst doit constamment suivre les nouvelles méthodologies d’analyse et les outils de visualisation de données. Par exemple, il participe régulièrement à des webinars ou suit des cours en ligne, type MOOC, sur des plateformes comme Coursera ou DataCamp pour se perfectionner.
Un chef de produit dans une start-up tech doit apprendre à gérer de manière agile plusieurs projets simultanés. Cela implique de maîtriser les outils de gestion comme Trello, mais aussi d’apprendre à prioriser les tâches en fonction des objectifs stratégiques.
Formation
Gestion de projet, les fondamentaux
Comment définir le contenu d’un projet ?
Mettre en place des règles de gestion de la documentation liée au projet
Anticiper la gestion de la demande : faisabilité, cadre du projet, cahier des charges
Identifier les livrables : produit final, service à fournir ou résultat intermédiaire
Délimiter le périmètre du projet
Élaborer le plan de gestion du projet et envisager différentes alternatives
3/ RSE, environnement et développement durable
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) constitue également une priorité. Les consommateurs n’en laissent plus le choix aux entreprises, qui sont jugées sur leur impact environnemental et social. Selon une enquête de Deloitte (juillet 2024), près de 70 % des consommateurs préfèrent acheter auprès d’entreprises ayant un impact social et environnemental positif. Celles-ci cherchent donc à réduire leur empreinte carbone, à promouvoir des pratiques durables et à soutenir des projets verts.
Ainsi BMW utilise désormais des plateformes comme le métavers pour créer des usines numériques (digital twins) permettant d’améliorer les processus de production et de réduire les émissions de carbone grâce à la simulation.
De plus, 60 % des entreprises de la liste Fortune 500 se sont fixé des objectifs de durabilité clairs et mesurables pour cette année 2025.
Les bureaux et les espaces de travail sont conçus pour être plus écologiques, avec des infrastructures favorisant l’efficacité énergétique et le bien-être des employés. Dans le même temps, les entreprises mettent davantage l’accent sur la diversité et l’inclusion, cherchant à créer des environnements de travail équitables et représentatifs de la société. Elles mettent aussi l’accent sur la santé mentale et le bien-être des collaborateurs, favorisant ainsi l’équilibre travail/vie personnelle.
Quelles soft skills ?
81 % des consommateurs dans le monde pensent que les entreprises doivent contribuer activement à améliorer l’environnement (étude Nielsen). Les travailleurs doivent être conscients des enjeux de durabilité et adopter un comportement éthique.
Exemple
Dans le secteur de la mode, un responsable RSE peut initier des pratiques de sourcing durable et encourager l’usage de matériaux recyclés. Patagonia a mis en place un programme « Worn Wear » encourageant ses clients comme ses salariés à réparer, réutiliser ou recycler leurs vêtements.
Les travailleurs doivent aussi se montrer capables de contribuer à des initiatives écologiques, en même temps qu’ils doivent être protégés. Les compétences en gestion du stress et en résilience sont essentielles. Parallèlement, le freelancing, l’ubérisation et la gig economy (l’économie des petits boulots), en progression, offrent plus d’options de travail indépendant mais aussi plus de précarité. Le bien-être au travail peut en pâtir et une véritable politique de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) doit être mise en œuvre par les dirigeants.
Exemple
Un manager dans une grande entreprise de la gig economy doit non seulement motiver des travailleurs indépendants à gérer les hauts et les bas de leur emploi, mais aussi développer des politiques internes pour atténuer l’impact du stress et améliorer le bien-être mental.
Témoignage
« Dans l’industrie automobile, la transition vers une production plus verte est cruciale. Nous mettons l’accent sur la formation des employés à la pensée durable et à la gestion du changement pour intégrer ces nouvelles pratiques. » — Directeur de la durabilité d’une grande marque automobile
Formation
Développer la qualité de vie et les conditions de travail
Comment établir un diagnostic QVCT dans son entreprise ?
• Effectuer un bilan des actions déjà mises en œuvre
• Mettre en place un processus pour collecter les attentes exprimées par les collaborateurs
• Identifier les éléments à améliorer et les relier de manière cohérente
4/ Organisation du travail
Ce domaine est déterminant parce que largement le plus exigeant. 67 % des employés veulent plus de flexibilité au travail (enquête de PwC, 2023). La flexibilité dans les horaires et lieux de travail devient la norme, permettant aux employés de mieux concilier vie professionnelle et personnelle. Ce qui exige une plus grande autonomie et des compétences en gestion du temps. Ils doivent faire preuve de pensée créative, cette capacité à analyser les situations, à les penser différemment et à proposer des solutions innovantes. Cela concerne la conception de nouveaux produits, offres et services, mais aussi la capacité à remettre en cause des systèmes et process internes. À ce titre, la catégorie des managers est évidemment la plus concernée.
Les projets sont de plus en plus menés par des équipes multidisciplinaires, composées de collègues de différentes expertises, cultures et générations (X, Y, Z et alpha).
Le management par projet, plus transversal que hiérarchique, vient challenger les managers et finit de faire disparaître les « petits chefs » et autres micro-managers. Ils doivent travailler leurs capacités de leadership et leur vision stratégique afin d’inspirer et motiver, organiser l’intelligence collective et accompagner le changement. Seulement 6 % des entreprises se disent satisfaites de leur stratégie de travail actuelle. Environ 78 % d’entre elles redessinent leur modèle de travail pour permettre à leurs employés de s’épanouir, en adaptant les processus métiers et en réimaginant le travail lui-même.
Exemple
Chez FamilyMart, une chaîne de magasins au Japon, l’utilisation de robots contrôlés à distance permet aux employés de travailler depuis n’importe où.
Quelles soft skills ?
Dans ce contexte de changements structurels dans l’organisation du travail, les salariés font preuve de plus d’autonomie, améliorent leur efficacité personnelle et leur gestion du temps. Un employé en télétravail doit planifier sa journée en jonglant entre les réunions virtuelles et les tâches individuelles. Utiliser des techniques comme la méthode Pomodoro ou la matrice d’Eisenhower peut grandement améliorer son efficacité.
Les travailleurs se montrent ouverts au changement, prêts à adopter de nouvelles méthodes, technologies ou idées, développent leur pensée créative. Dans une agence de marketing, les créatifs sont encouragés à remettre en question les idées reçues et à proposer des concepts de campagnes publicitaires innovantes, souvent en s’inspirant de tendances émergentes sur les réseaux sociaux.
Tous ces changements collaboratifs nécessitent de l’adaptabilité et peuvent générer des occasions de conflits, qu’il faut savoir gérer (communication, assertivité, collaboration et travail en équipe…).
En définitive, il faut faire preuve de beaucoup d’intelligence émotionnelle, cette capacité à comprendre, utiliser et gérer ses propres émotions de manière positive. Pour créer ceci étant, des environnements de travail harmonieux, communiquer efficacement et désamorcer les conflits.
Autonomie | Efficacité professionnelle | Gestion du temps |
Créativité | Adaptabilité | Assertivité |
Communication | Travail en équipe | Intelligence émotionnelle |
Formation
Gérer son temps pour être plus efficace
2 outils pour prioriser ses tâches :
- La matrice d’Eisenhower pour catégoriser ses tâches selon leur degré d’urgence et d’importance
La checklist structurée : tâches, priorités, échéances et durée
Formation
S’approprier la boîte à outils créative
- Les techniques de divergence : le brainstorming, les souhaits…
- Le concassage ou SCAMPER…
Les outils de convergence : la sélection des idées
Formation
Assertivité et affirmation de soi
Savoir dire non
- Exprimer un refus de façon claire
- Expliquer sans se justifier
- Privilégier l’approche gagnant-gagnant en négociant ou en proposant, si nécessaire, une alternative
Méthode DESC
Aujourd’hui plus qu’hier, l’être humain au travail est techno friendly pour affronter les impacts de l’automatisation sur les processus métiers. Il est également créatif pour se différencier des capacités des machines, flexible et adaptable pour affronter un monde du travail toujours plus complexe, incertain et en réorganisation quasi permanente. Il est autonome et habile dans la gestion de son temps. Il fait preuve d’un engagement constant envers l’apprentissage en continu et le développement des compétences, soigne sa communication et développe son intelligence émotionnelle. Sa pensée créative vient idéalement compléter sa pensée analytique pour gérer les projets et résoudre les problèmes. Il a une conscience éthique et sociétale et sait prendre soin de lui-même grâce à des méthodes de méditation et de gestion du stress.
Le manager est, quant à lui, plus que jamais un leader : prise de décision en environnement VUCA, créativité pour inspirer, motivation d’équipe pour pousser à l’action, management intergénérationnel pour fédérer et care pour prendre soin de ses collaborateurs…
La bonne nouvelle, c’est que vous maîtrisez déjà la plupart de ces soft skills et que toutes les autres sont accessibles grâce à la formation !