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Les plateformes de low code/no code, la fin annoncée des développeurs ?

Publié le 16 mars 2022
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Répondant à la promesse de créer des applications ou des sites web sans ou avec peu de code, les solutions de low code et de no code connaissent un succès croissant. Elles permettent de lutter contre la pénurie de développeurs, d’accélérer la sortie des projets et de laisser aux experts métiers le soin de créer applications et sites répondant à leurs besoins. Signent-elles pour autant la fin des développeurs ?

La transformation numérique accentue la pression sur la DSI. Débordée et souffrant de la pénurie de développeurs, le service informatique peine à répondre aux besoins des directions métiers (finances, RH, achats, ventes, marketing…). La digitalisation de notre économie plaide pourtant pour un raccourcissement du délai de mise sur le marché de solutions innovantes, que ce soient des applications (mobiles, web), des sites, des logiciels, des API ou des systèmes d’automatisation de processus.

Faute de mieux, les métiers multiplient les applications sous le radar de la DSI. Un “shadow IT” qui expose l’entreprise à des risques de cybersécurité et de non-conformité avec le reste du système d’information (SI).

La solution du low code /no code

Le mouvement du low code/no code est l’une des réponses à ces besoins. Comme son nom l’indique, il s’agit de créer des applications avec le moins de code possible (low code) voire sans une ligne de code (no code). Depuis une interface 100 % visuelle, ils manipulent des composants applicatifs qu’ils glissent-déposent pour créer l’architecture de la future solution et déclencher des actions quand des événements prédéfinis se produisent.

Sur le papier, tout le monde serait gagnant. Les développeurs augmentent leur productivité en réutilisant un ensemble de ressources et de bibliothèques de modèles. Cette optimisation du code s’inscrit dans l’évolution naturelle des ateliers de génie logiciel et des outils de développement rapide d’applications (RAD).

Fini les lignes de code, tout se fait dans une interface visuelle – © Studio Creatio

Grâce au no code, les experts métiers reprennent le contrôle

De leur côté, les experts métiers, rebaptisés “citizen developers”, créent leurs propres applications en toute autonomie et sans connaissances en programmation. Seuls prérequis : un sens de la logique et une maîtrise avancée des outils bureautiques, tout particulièrement de Microsoft Excel.

Dans une logique WYSIWYG (What You See Is What You Get), l’utilisateur visualise le rendu de la future application et peut procéder à des tests avant d’arriver à la version définitive. Cette approche répond, pour l’heure, des cas d’usage simples et bien identifiés comme une application de réservation de salle de réunion ou un formulaire pour dresser un inventaire terrain. Elle permet aussi de concevoir un prototype que les informaticiens internes vont enrichir fonctionnellement puis intégrer au SI.

Une tendance accentuée par la pandémie

Selon Gartner, la crise sanitaire ne fait que renforcer cette tendance avec la nécessité d’automatiser les flux de travail. Le marché mondial des technologies de développement low code devait, à lui seul, connaître une croissance de 23 % en 2021 pour atteindre 5,8 milliards de dollars. Et le meilleur est à venir selon le cabinet d’études qui prévoit que 80 % des produits et services technologiques pourraient être conçus par des non-informaticiens d’ici 2024.

Au-delà de la pandémie, le marché bénéficie aussi du portage des solutions dites de “low code application platform” (LCAP) dans le cloud, ce qui participe à sa démocratisation. Enfin, avec une telle croissance, il attire la convoitise d’un grand nombre d’acteurs. A côté des “pure players” du low code (OutSystems ou Mendix racheté par Siemens) et du no code (Weebly, Caspio, Bubble, Zapier), on trouve de nouveaux entrants, issus d’horizons très divers.

Les historiques de la gestion des processus métiers (BPM, Business process management) et du case management comme Appian, Pega ou Bonitasoft se sont naturellement positionnés sur ce créneau. Spécialistes de l’automatisation des processus métiers et de la gestion des règles métiers, ils ont toute légitimité à opérer ce virage du low code.

Ce segment comprend aussi ServiceNow, bien connu des DSI pour être le spécialiste de la gestion des services informatiques (ITSM). Le rachat de SkyGiraffe, en 2017, permet à l’éditeur américain de proposer un studio de développement low code dédié aux applications mobiles. Autre famille : les spécialistes de la robotisation des processus métiers ou RPA (Robotic process automation) comme UiPath, Automation Anywhere ou Blue Prism. Là encore, il s’agit d’une évolution naturelle. Complémentaire de la RPA, un environnement low/no code permet de gérer les flux de travail qui ne sont pas éligibles au traitement par les bots logiciels en créant des workflows intelligents.

Place à l’hyperautomatisation des processus

En combinat RPA, low/no code et intelligence artificielle, on peut même parler à leur égard de plateformes dites d’hyperautomatisation, une des tendances technologiques de 2022 dégagées par Gartner. Autre vague, plus discrète, celle des tableurs dits “intelligents” qui incluent une dose de low/code pour créer des tableaux de bord personnalisés et automatiser des flux de travail. À la suite du pionnier et leader, Airtable, Smartsheet ou Tables de JotForm s’inscrivent sur ce créneau.

Enfin, les GAFAM ne pouvaient rester à l’écart de ce mouvement de fond. Avec Power Apps, Microsoft capitalise sur son écosystème. Les utilisateurs retrouvent le “look” familier de Microsoft 365 et profitent des synergies avec les autres briques de sa suite collaborative et notamment Power BI, sa solution de data visualisation. Autre module de la firme de Redmond, Power Virtual Agents permet de créer, toujours sans code, des chatbots.

Même pari pour Honeycode d’Amazon Web Services (AWS). L’hyperscaler s’appuie sur son portefeuille de solutions cloud pour enrichir sa plateforme de développement low code. Amazon AppFlow permet ainsi de gérer, sans code, des flux de données entre des services maison comme Amazon S3 et Amazon Redshift et des applications tierces de type SAP, Zendesk, Slack ou ServiceNow.

Parmi les autres géants du numérique, on devra compter sur Google et SAP qui ont respectivement racheté AppSheet et AppGyver, deux plateformes de no code. Salesforce a, lui, ouvert la voie au marché en lançant, dès 2015, Lightning, un framework de développement d’applications. Depuis, le numéro a développé différentes solutions d’optimisation de code. Dernière en date, Dynamic Interactions s’adresse aux non-développeurs. Salesforce est qualifié de leader dans le dernier quadrant magique de Gartner aux côtés de Mendix, Microsoft, OutSystems et ServiceNow.

La fin des développeurs ?

La multiplication de ces outils ne va-t-elle pas signer la fin du code et par extension des développeurs ? Chris Wanstrath, le fondateur de GitHub, le célèbre service d’hébergement et de développement logiciel prédisait déjà en 2017 : “Le futur du code, ce n’est pas de code du tout”.

Pour autant, si le no code s’adresse aux non-informaticiens et le low code aux développeurs qui souhaitent créer rapidement des projets, ces outils ont leurs limites. Ces solutions démocratisent la production numérique en permettant de mettre en place des projets simples. Au-delà, les développeurs auront toujours leur place dans des projets plus complexes. Codeur et non-codeurs vont donc continuer à cohabiter.

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