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La bientraitance en service de soins, quelles bonnes pratiques ?

Publié le 29 février 2024

La bientraitance est une démarche proactive visant à garantir le respect, la dignité, l’autonomie et la participation du patient. Dans les services de soins, la bientraitance influe directement sur la qualité de vie des patients et sur leur adhésion aux soins. Réfléchir à l’aspect éthique de la bientraitance est essentiel dans le domaine du soin. Alors quelles sont les pratiques à maîtriser pour garantir la bientraitance en service de soins ? Le point avec Nadine Le Jeune, infirmière, cadre de santé, formatrice et directrice pédagogique et scientifique.

Bientraitance en service de soins

Selon la Haute Autorité de santé (HAS), la bientraitance repose sur des principes fondamentaux de respect, de dignité, d’autonomie et de participation. Elle vise à assurer que les personnes soient traitées avec respect tout au long de leur parcours de soin. L’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM, aujourd’hui intégrée à l’HAS) publiait en 2008 un guide de bonnes pratiques en bientraitance. Cette démarche collective vise à identifier le meilleur accompagnement possible pour l’usager, dans le respect de ses choix et dans l’adaptation la plus juste à ses besoins. Il s’agit d’une recommandation cadre. La bientraitance figure en effet au premier plan du programme de travail de la HAS consacré à la qualité des établissements et services médico-sociaux.

L’écoute et la communication pour garantir la bientraitance

La bientraitance commence par le respect de la personne, quelle que soit sa situation.

La compréhension des besoins

L’écoute active met l’accent sur la communication empathique et la compréhension des besoins et des attentes des patients. Elle implique une véritable connexion émotionnelle et une volonté de comprendre profondément ce que la personne ressent et exprime.

Un exemple

Une infirmière libérale se rend chez un patient âgé qui souffre de plusieurs problèmes de santé chroniques. Lorsque le patient commence à parler, l’infirmière se concentre pleinement sur ce qu’il dit sans l’interrompre, sans le juger. Son attention est principalement dirigée vers le patient. Après que le patient a partagé ses préoccupations et ses besoins, l’infirmière résume pour s’assurer d’avoir bien compris. Elle propose ensuite des solutions spécifiques pour répondre aux besoins de ce patient. Il peut s’agir d’ajustements dans son plan de soins, de recommandations pour la gestion de la douleur, ou même une référence à un spécialiste si nécessaire. L’écoute active a permis à l’infirmière de personnaliser les soins et l’accompagnement pour répondre aux besoins uniques de ce patient, améliorant ainsi sa qualité de vie et sa satisfaction à l’égard des soins fournis.

Le respect de l’autonomie

L’écoute active favorise l’autonomie en permettant à la personne de participer activement à la prise de décision concernant son parcours de soins. Cela renforce ainsi le sentiment de contrôle et de dignité de la personne.

Le renforcement de la relation

Lorsqu’une personne se sent écoutée, elle est plus susceptible d’établir une relation de confiance avec les professionnels. Cela améliore donc la qualité des soins et le bien-être global de la personne.

La prévention des erreurs

L’écoute active aide à éviter les malentendus et les erreurs de communication qui pourraient avoir des conséquences néfastes sur la santé ou le bien-être de la personne.

Le respect et la dignité

Le respect et la dignité sont préservés en engageant activement les personnes dans leur propre processus de soins. Ceci leur assure le respect et la dignité qu’elles sont en droit d’attendre.

L’écoute et la communication sont des piliers essentiels de la bientraitance. Elles placent en effet la personne au centre des soins, en reconnaissant ses préoccupations et ses choix. Les personnes se sentent ainsi valorisées, respectées et soutenues. Ce qui est essentiel pour leur bien-être et leur qualité de vie.

Former les professionnels de santé et de la relation d’aide

Les professionnels doivent bénéficier d’une formation adaptée aux besoins spécifiques de leur domaine d’activité pour garantir un accompagnement bientraitant.

Par exemple, une formation à destination des professionnels en gériatrie vise à les outiller pour fournir des soins respectueux, centrés sur la personne âgée, et favoriser ainsi la bientraitance au sein de l’établissement. Cette formation s’appuie sur des connaissances pratiques, des compétences de communication et des réflexions éthiques essentielles pour garantir un accompagnement bientraitant des patients âgés. Par exemple :

Cette formation vise donc à garantir un accompagnement empreint de bienveillance. Cet accompagnement prend en compte les besoins, les souhaits et le bien-être des personnes, en veillant à ce que celles-ci se sentent respectées et soutenues.

Il est nécessaire de former les professionnels sur l’importance de la bientraitance et la manière de créer un environnement favorable. Cela inclut la sensibilisation à la diversité des besoins des personnes et à la manière de les respecter. En plus des compétences techniques, la formation doit encourager les professionnels à réfléchir de manière éthique. Cela signifie qu’ils doivent être en mesure de se poser des questions sur la moralité de leurs actions, en tenant compte des valeurs et des principes qui guident leur profession.

Évaluer la qualité des soins

L’évaluation de la qualité des soins vise à garantir que les personnes reçoivent des soins de qualité en toute sécurité. Les soins sont parfois complexes et peuvent impliquer plusieurs professionnels ou prestataires. L’objectif consiste donc à s’assurer que chaque aspect de ces soins est conforme aux normes.

Les outils d’évaluation de la qualité des soins peuvent prendre différentes formes : questionnaires de satisfaction, checklists, audits, analyse des données cliniques, évaluation… Quel que soit l’outil utilisé, l’objectif principal est de détecter d’éventuels écarts par rapport aux normes de qualité et de sécurité. Des plans d’amélioration peuvent alors être mis en place afin de résoudre les problèmes détectés et/ou d’améliorer la qualité des soins.

Bonnes pratiques concernant la communication et le respect de la dignité du patient :

  • S’adresser au patient en utilisant son nom et un langage respectueux.
  • Informer le patient de son plan de soins et des décisions médicales qui le concernent.
  • Protéger les informations confidentielles du patient.

Un exemple

À la suite d’une évaluation de la qualité des soins dans un service d’oncologie, des ajustements ont été apportés aux protocoles de gestion de la douleur. Résultats : une diminution significative des plaintes liées à la douleur des patients et une amélioration globale de leur satisfaction à l’égard des soins reçus.

L’importance de l’environnement de soin

L’environnement joue un rôle important dans la bientraitance. Il est essentiel de prendre en compte plusieurs facteurs pour garantir un accompagnement bientraitant. Les éléments tels que la décoration, la propreté et la luminosité peuvent influencer le moral des personnes. Ils ont donc un impact sur leur santé (réduction du stress et de l’anxiété).

Bien aménager l’espace avec des équipements appropriés, une température adéquate, un éclairage suffisant et adapté, et des meubles ergonomiques contribue à créer un cadre propice à la bientraitance.

L’environnement doit respecter la dignité de chaque individu. D’où la nécessité de créer des espaces qui préservent l’intimité et le respect de la vie privée. Les personnes doivent être en mesure de se déplacer librement, de faire des choix en fonction de leurs préférences personnelles.

Un exemple

Dans un centre de réadaptation, la création d’espaces extérieurs accessibles aux patients en fauteuil roulant a eu un impact positif sur leur bien-être mental. L’aménagement paysager a favorisé un sentiment de normalité et d’inclusion.

La bientraitance en service de soins est une approche fondamentale pour assurer le respect, la dignité, l’autonomie et la participation des patients. Garantir la bientraitance en service de soins repose sur une approche holistique qui intègre l’écoute active, la formation des professionnels, l’évaluation de la qualité des soins et la création d’un environnement respectueux. Grâce à ces bonnes pratiques, il est possible d’améliorer la qualité de vie des patients et de renforcer leur confiance dans le système de soins, contribuant ainsi à une prise en charge plus humaine.

Notre expert

Nadine LE JEUNE

Santé

Elle a débuté sa carrière en tant qu'aide-soignante, puis a poursuivi sa formation pour devenir infirmière, démontrant ainsi son engagement […]

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