Head of growth, alias growth hacker, le stratège de la croissance éclair

À la croisée du marketing et de la technologie, le growth hacker, appelé aussi head of growth, dynamite les codes poussiéreux du marketing traditionnel. Armé de techniques d’automatisation pointues et d’analyses approfondies des KPI d’audience, il booste la croissance de son entreprise en un minimum de temps. Son but : obtenir des quick wins, des résultats spectaculaires et rapides avec un minimum de ressources.

Apparu dans les années 2010 dans la Silicon Valley, le growth hacking est une nouvelle approche pour augmenter rapidement le nombre d’utilisateurs d’un produit ou d’un service. Initialement prisé par les start-up du numérique, il s’étend désormais à des entreprises plus établies.

Ce métier, à l’origine axé sur des missions ponctuelles et de courte durée, a depuis évolué pour devenir une compétence clé dans le développement stratégique de nombreuses organisations.

Quelques exemples réussis de growth hacks ?

Face à des budgets marketing souvent limités et une concurrence féroce, les start-up sont friandes des techniques créatives pour stimuler leur croissance.

Facebook, à ses débuts, a d’abord ciblé les étudiants des universités américaines les plus prestigieuses en lançant le réseau social campus par campus. Cela a permis de créer un effet de réseau et une croissance virale parmi les jeunes.

En France, BlaBlaCar a mis en place un système d’évaluation et de vérification des profils pour rassurer les nouveaux utilisateurs et encourager l’adoption du covoiturage. Cela a permis de créer rapidement une communauté de confiance.

On peut citer aussi Doctolib qui a intégré directement sa solution aux logiciels de gestion des cabinets médicaux, facilitant ainsi l’adoption de sa plateforme par les professionnels de santé.

Hotmail avait ajouté la signature « PS: I love you. Get your free e-mail at Hotmail » à chaque e-mail envoyé par ses utilisateurs, ce qui a entraîné une croissance virale de sa base d’utilisateurs.

De son côté, Airbnb a développé un outil permettant aux hôtes de publier automatiquement leurs annonces sur Craigslist, tout en redirigeant les utilisateurs vers Airbnb. Cela leur a permis d’acquérir rapidement une large base d’utilisateurs.

Quelles sont les missions du growth hacker ou head of growth ?

Professionnel du marketing numérique, le growth hacker a pour mission d’identifier et de développer rapidement des sources de croissance d’une entreprise. Pour cela, il utilise des techniques marketing ou numériques innovantes et peu couteuses.

Comment résoudre cette équation ?

• Définition et mise en place de stratégies de croissance : le growth hacker identifie des canaux de croissance non conventionnels pour atteindre de nouveaux clients.
• Analyse des données pour prendre des décisions éclairées : les données sont au cœur de son activité. Il analyse les comportements utilisateurs pour détecter des opportunités d’optimisation.
• Expérimentation rapide : le growth hacker met en place et teste constamment des hypothèses pour améliorer les performances marketing ou produit. Il s’agit d’une approche itérative où chaque test permet de valider ou d’infirmer une stratégie.
• Optimisation du tunnel de conversion : le growth hacker travaille sur l’ensemble du funnel AARRR (Acquisition, Activation, Rétention, Recommandation, Revenue) pour maximiser la conversion à chaque étape.
• Automatisation : pour optimiser son temps et amplifier ses actions, il met en place des processus automatisés (e-mails, web scraping, bots).

Il travaille seul ou en équipe. Il peut intervenir aussi bien sur la création de contenus, sur les produits, l’analyse des données clients, la création graphique ou le développement.

Quelles études suivre ?

Il n’existe pas de formation spécifique unique pour devenir growth hacker, mais plutôt un ensemble de parcours possible. Il est généralement issu d’une formation bac +5 en marketing digital, développement web ou en analyse de données.

Quelles sont les compétences d’un growth hacker ?

► COMPÉTENCES TECHNIQUES (savoir-faire)

• Analyse de données et statistiques : maîtrise des outils de tracking et de web analytics (Google Analytics, Matomo, Mixpanel, Amplitude, Hotjoar…), capacité à interpréter les KPI pour en déduire des actions pertinentes.
• Compétences en développement : connaissance des langages de programmation (Python, JavaScript) pour l’automatisation, le web scraping (BeautifulSoup, Octoparse, Apify…) ou le développement de petites applications.
• Référencement SEO (Search Engine Optimization) et SEA (Search Engine Advertising) : maîtrise des techniques d’acquisition de trafic organique et payant.
• E-mailing : maîtrise des outils pour l’envoi et la gestion des campagnes par mail (SendGrid, Mailchimp, Lemlist…)
• Automation marketing : utilisation d’outils comme HubSpot, Zapier, Pipedrive ou Integromat pour automatiser des processus marketing.
• Outils d’expérimentation et de tests A/B : Optimizely, AB Tasty, VWO…
• Création de landing pages optimisées : Utilisation d’outils comme Unbounce, WordPress, ou Webflow pour créer rapidement des pages d’atterrissage performantes.
• Maîtrise de l’anglais oral et écrit

► COMPÉTENCES COMPORTEMENTALES ET RELATIONNELLES (savoir-être)

• Créativité : trouver des solutions innovantes et hors des sentiers battus est crucial pour découvrir des hacks qui fonctionneront.
• Capacité d’analyse : savoir interpréter les données pour en tirer des conclusions pertinentes.
• Résilience et capacité à gérer l’échec : Le growth hacking est un processus d’expérimentation où l’échec est fréquent. La capacité à itérer rapidement est essentielle.
• Curiosité et apprentissage continu : l’univers digital évolue rapidement, et il est crucial de rester à jour sur les dernières techniques et outils.
• Esprit entrepreneurial : une attitude orientée vers les résultats avec une prise de décision rapide et une approche pragmatique.

Quel est le salaire d’un growth hacker ?

Le salaire d’un growth hacker en France dépend de plusieurs facteurs tels que l’expérience, la taille de l’entreprise et sa localisation.

• Junior (0-2 ans d’expérience) : 35 000 € à 45 000 € brut annuel.
• Intermédiaire (3-5 ans d’expérience) : 45 000 € à 60 000 € brut annuel.
• Senior (5 ans et plus) : 60 000 € à 80 000 € brut annuel, avec des variations selon les responsabilités managériales.

Dans les start-up, les salaires peuvent être complétés par des stock-options ou des parts de l’entreprise, en plus de divers avantages.

Quelles sont ses perspectives d’évolution ?

Les possibilités d’évolution pour un growth hacker sont variées :

• Responsable croissance ou Head of Growth : après plusieurs années d’expérience, il peut encadrer une équipe dédiée à la croissance et piloter la stratégie globale de l’entreprise.
• Directeur Marketing : avec une vision globale du marketing digital et de la croissance, il peut prendre la tête du département marketing.
• Entrepreneuriat : avec sa polyvalence et son esprit entrepreneurial, le growth hacker est souvent tenté de lancer sa propre entreprise.

Aussi stimulant qu’exigeant, le métier de growth hacker nécessite une capacité à innover constamment et à s’adapter rapidement aux évolutions du marché. Doté d’un profil unique, alliant des compétences techniques de pointe et une expertise marketing aiguisée, le growth hacker est en mesure d’apporter des résultats rapides et tangibles.

Au cœur de la transformation digitale des entreprises, il occupe une position stratégique, avec de belles perspectives d’évolution. Son rôle sera amené à prendre de l’ampleur dans les années à venir, à mesure que les entreprises prendront conscience de l’importance de la croissance numérique comme levier d’innovation et de compétitivité.