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Comment prévenir le burn-out des professionnels de santé

Publié le 17 juillet 2025
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Les professionnels de santé, qu’ils soient en activité ou en formation, sont exposés au burn-out en raison des conditions difficiles de leur activité. Prévenir le burn-out est crucial pour garantir la santé et le bien-être des soignants, ainsi que pour maintenir un système de santé efficace. Mais comment y parvenir ? Quelles actions mettre en place et à quels niveaux ? Le point avec Nadine Le Jeune, infirmière, cadre de santé, formatrice, ingénieure pédagogique et évaluatrice des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS).

Burn-out des professionnels de santé, épuisement professionnel d'un médecin

Le syndrome de burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental causé par un stress prolongé et excessif.
Selon l’Institut de veille sanitaire, 480 000 personnes en France sont concernées par un état de souffrance au travail. 7 % d’entre elles (environ 30 000) seraient spécifiquement touchées par le burn-out. Selon le collectif Santé en danger (octobre 2022), 98,4 % des professionnels de santé affirment rencontrer des difficultés sources de souffrance au travail (contre 97,3 % en janvier 2021). 77,9 % ont déjà été diagnostiqués en burn-out. 34 % avec un arrêt de travail de 0 à 3 mois, sachant qu’après un burn-out, 12,8 % ont complètement changé de voie professionnelle).

Les manifestations cliniques du burn-out

Ce syndrome peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive et souvent insidieuse.

Les manifestations émotionnelles et physiques

Cet état se manifeste par une fatigue persistante avec des maux de tête, des douleurs musculaires, des troubles du sommeil et des baisses d’énergie. Cette fatigue se traduit par une incapacité à gérer le stress ou les exigences émotionnelles professionnelles.

La dépersonnalisation

Pour se protéger du stress émotionnel, les professionnels deviennent moins empathiques. Ils se plaignent fréquemment des patients ou des conditions de travail.

Le sentiment d’inefficacité

Ce sentiment d’incompétence ou de travail inutile conduit à une baisse de motivation, voire à une perte de passion pour le métier.

Les manifestations cognitives

Des difficultés de concentration, des oublis fréquents et une diminution de la capacité de prise de décision sont fréquents. Ces difficultés peuvent entraîner des erreurs ou des oublis pouvant nuire à la qualité des soins.

 Les symptômes psychosomatiques

Les douleurs thoraciques, les palpitations, les troubles gastro-intestinaux, les tensions musculaires sont des symptômes souvent rencontrés, réponses à un stress prolongé.

Les troubles de l’humeur

L’anxiété et la dépression sont des manifestations. Dans les cas graves, cela peut conduire à des sentiments de désespoir, voire à des pensées suicidaires.

Les troubles du comportement

Pour gérer le stress ou échapper temporairement aux pressions, les professionnels de santé risquent d’augmenter leur consommation de substances comme l’alcool, le tabac, voire de médicaments psychotropes.

Les facteurs de risque

Le rapport Gollac a analysé les risques psychosociaux (RPS) professionnels. Il a identifié six catégories de facteurs de risque contribuant à des cas d’épuisement au travail.

Prendre soin des soignants, c’est garantir un système de santé plus humain et résilient.

Michel Gollac

L’intensité et l’organisation du travail

Les soignants sont aujourd’hui confrontés à une charge de travail intense. Celle-ci est exacerbée par des horaires longs, des gardes de nuit, et une pression pour maintenir une qualité de soins élevée malgré les contraintes de temps et de personnel.

Les exigences émotionnelles importantes

Les soignantssont constamment confrontés à des situations de souffrance, de maladie et, parfois, de mort. Ils doivent ainsi gérer leurs propres émotions tout en étant présents et empathiques pour leurs patients.

L’autonomie et les marges de manœuvre

Une faible autonomie et un manque de marge de manœuvre dans la prise de décisions peuvent donner lieu à un sentiment d’impuissance et de frustration, ce qui peut augmenter le stress au travail.

Les relations dans le travail

Les relations tendues, marquées par des conflits, un manque de reconnaissance, ou même du harcèlement, augmentent le stress et l’anxiété au travail.

Les conflits de valeurs

Ils surviennent lorsque les valeurs personnelles sont en contradiction avec les pratiques professionnelles. Par exemple, un soignant peut se sentir en conflit s’il est contraint de donner des soins dans des conditions qu’il juge dégradantes pour les patients.

L’insécurité de l’emploi

Les réductions de budget obligent les soignants à assumer une charge de travail accumulée avec moins de moyens. Cela peut entraîner un sentiment d’abandon et un manque de reconnaissance, facteurs aggravants pour le burn-out.

Les facteurs de risque mettent en évidence les multiples sources de stress au travail et leurs effets potentiels sur la santé des professionnels.

Il est essentiel de mettre en place des politiques et des pratiques visant à améliorer la qualité de vie au travail contribuant ainsi à la qualité des soins.

Prévention du burn-out : se protéger de l’usure professionnelle

La prévention du syndrome de burn-out chez les professionnels de santé nécessite une approche holistique. Cette approche combine des efforts individuels et organisationnels.

Voici les actions à mener.

1. Développer et déployer des programmes de formation sur la gestion du stress et la résilience

Il s’agit d’aider les soignants à gérer leur charge émotionnelle, à reconnaître les signes de stress de façon précoce et à développer une résilience face aux défis quotidiens. Cette action est portée conjointement par le service des ressources humaines et le cadre de santé afin d’assurer une mise en œuvre efficace et adaptée aux besoins des soignants.

2. Améliorer les conditions de travail et réduire les charges de travail excessives

Il s’agit de favoriser un environnement de soin où les professionnels peuvent se concentrer pleinement sur la qualité des soins, sans être submergés par des exigences excessives. Cette action est portée surtout par le cadre de santé afin de garantir un cadre de travail optimal et durable pour les professionnels de santé.

3. Créer un environnement de travail soutenant et collaboratif

Les professionnels peuvent se soutenir mutuellement pour contribuer à créer un sentiment d’appartenance et de soutien collectif, aidant ainsi les professionnels de santé à mieux faire face aux situations stressantes. Cette action est portée conjointement par le service des ressources humaines et les cadres de santé, avec l’implication active des équipes elles-mêmes, afin de favoriser une culture de travail bienveillante et collaborative.

4. Encourager un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

Cela est bénéfique à la fois pour les professionnels de santé et pour les patients. Cela peut passer par des horaires adaptés, la limitation des charges administratives, des temps de repos respectés, un accès à un soutien psychologique… Un professionnel reposé et épanoui est plus attentif, disponible et efficace, ce qui améliore la relation avec les patients et la qualité des soins prodigués.

5. Établir des mécanismes de suivi et d’évaluation réguliers

L’objectif est de mesurer l’efficacité des stratégies de prévention en mettant en place des enquêtes régulières de satisfaction et des entretiens individuels afin de recueillir les retours directs des professionnels dans l’objectif d’ajuster les politiques et stratégies de qualité de vie au travail.

Exemples :

  • Enquêtes de satisfaction : qualité de vie au travail, perception des dispositifs de prévention
  • Entretiens individuels : entretien annuel, entretien de retour d’arrêt maladie, feedback après une formation…

Le burn-out chez les professionnels de santé est un problème de santé publique qui nécessite une attention et une intervention précoces. La mise en place de programmes de soutien, l’amélioration des conditions de travail et l’encouragement de pratiques de gestion du stress sont essentiels pour protéger la santé mentale et physique des soignants et maintenir un niveau élevé de qualité des soins.

Notre expert

Elle a débuté sa carrière en tant qu'aide-soignante, puis a poursuivi sa formation pour devenir infirmière, démontrant ainsi son engagement […]

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