La bonne posture managériale est celle qui vous permet d’emmener votre équipe vers la réussite. Mais quelles sont les compétences ou les qualités personnelles nécessaires, voire indispensables, pour y parvenir ? L’éclairage de Sandrine Bertrand, formatrice pour ORSYS, experte en communication, management et développement personnel.
Si par le passé, le management était perçu comme très opérationnel, on porte aujourd’hui plus d’attention au collaborateur en tant que personne.
Bien se positionner en tant que manager, c’est adapter son comportement à chaque collaborateur et dans chaque situation.
Pour le plus grand bien de chacun et de l’entreprise.
Dossier spécial #management
Cet article constitue le 3e et dernier volet de ce dossier spécial consacré au management.
[Lire aussi]
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[2/3] Comment booster la créativité et la productivité de votre équipe ?
Qu’est-ce qu’une « bonne posture managériale » ?
Tout d’abord, soignez votre manière de vous présenter à votre équipe et d’interagir avec vos collaborateurs. Il est essentiel que cette perception soit positive dès le début. En effet, chaque collaborateur se fait une idée de son manager dès les premiers instants. Par exemple, si vous n’êtes pas souriant, vous pourriez être perçu comme « dur » ou autoritaire. Attention à la perception de chacun, qui est unique et personnelle ! Si vous devenez un « leader naturel », au-delà de la posture hiérarchique, vous pourrez amener chaque collaborateur à s’investir, même quand le chemin est compliqué. La bonne posture managériale est donc celle où vous emmenez votre équipe vers ses objectifs, tout en tissant de la confiance.
Comprendre l’impact de l’affectif sur la posture managériale
Peut-on être ami avec ses collaborateurs ? Si certains sont persuadés que oui, d’autres sont convaincus du contraire, craignant que cela mène à une perte d’autorité. En réalité, pour savoir ce qui vous convient le mieux dans votre contexte, il faut déjà vous connaître a minima. Pour cela, il est nécessaire de prendre du recul sur des situations que vous avez déjà vécues. Ainsi, réfléchissez à vos propres comportements, identifiez ce qui vous convient ou non. Il s’agit notamment de pouvoir répondre à cette question : « pourquoi et comment faire évoluer les choses ? » Quelques pistes : se former, découvrir de nouveaux univers, etc.
L’exemple de Pascale
« Je peux passer des moments privilégiés avec mes collaborateurs en dehors du travail. Par exemple, en allant prendre un verre ou en partageant un repas. Cela nous permet de nous connaître sous un autre angle et nous soude. En revanche, je le fais en étant consciente que je dois rester juste et efficace en cas de problème. Pas question que l’affectif brouille les cartes. »
Dans ce cas, tout est équilibré et il est possible de partager des moments en externe. Mais si vous ne vous sentez pas à même de fixer aisément des limites, évitez plutôt dans un premier temps ces moments en externe. Les liens tissés pourraient en effet vous jouer des tours si un problème professionnel se présente. Par exemple : un collaborateur pourrait essayer de tirer parti de ces liens en les évoquant pour éviter une critique ou une sanction. Parfois, cela conduit aussi à une forme de chantage affectif : « Je croyais qu’on était amis… ».
Pour résumer
Trouver le « juste milieu » dans vos relations professionnelles tient essentiellement :
- D’abord, à la connaissance que vous avez de vous-même
- Ensuite, à votre envie d’évoluer vers plus d’assertivité
Être assertif et inspirer la confiance
L’assertivité n’est pas une posture naturelle, elle se travaille tout au long de la vie.
Et pour pouvoir la travailler, il faut déjà connaître vos besoins, vos limites et les respecter.
Tout en respectant ceux de vos collaborateurs.
[Se former]
Assertivité et affirmation de soi
3 points clés :
- Renforcer l’estime et la confiance en soi
- Dire non de manière assertive
- Gérer les critiques et les conflits
L’expérience d’Alain
« Un jour, on m’a demandé de faire travailler mon équipe sur un objectif qui me semblait peu adéquat. La première chose que j’ai faite ? Discuter avec mon propre manager de mon ressenti vis-à-vis de cette demande, éléments factuels à l’appui. Mais rien n’y a fait. Alors, je me suis demandé : comment faire avec mon équipe ? Jouer la transparence ou jouer la comédie ?
J’ai choisi d’expliquer mon positionnement initial, en prenant soin de m’exprimer positivement. C’était le bon choix. L’objectif a été atteint, même s’il était peu motivant au niveau opérationnel. En revanche, côté cohésion d’équipe, cela a été très positif. Chacun s’est senti “dans le même bateau”. L’idée était de finir au plus vite ensemble pour passer à mieux ensuite.
Le fait d’affirmer mon point de vue auprès de mon supérieur, renforcé par l’honnêteté envers mon équipe, a permis de passer ce mauvais moment plus facilement et dans la confiance ».
[Lire aussi] Managers, développez votre assertivité !
Fixer des limites et les faire respecter
Un manager expérimenté doit savoir fixer les limites et les faire respecter.
Bonnes pratiques :
- Établir les règles de fonctionnement de l’équipe, éventuellement en concertation avec celle-ci : communication, transparence, intégrité, entraide, etc.
- Communiquer très clairement sur ce qui est acceptable ou non
- S’en tenir à ce qui a été décidé
À noter :
Un cadre défini en collaboration avec l’équipe a plus de chances d’être encore mieux respecté.
Savoir se positionner de manière générale
Le capitaine d’un bateau se doit d’être professionnel jusqu’au bout, quoiqu’il arrive. Pour tenir la barre, vous devez être motivant, rassurant, encourageant, juste, fiable, exemplaire… quelle que soit la situation. Le manager est en effet la personne « de référence » de son équipe et chacun doit pouvoir compter sur elle.
Il vous faut donc :
- adopter une attitude appropriée aux circonstances
- un certain courage
- savoir gérer vos émotions
- dire « non » quand c’est nécessaire
[Se former]
Gérer des situations difficiles
Deux points clés :
- Identifier les situations complexes
- Se doter d’outils et de méthodes pour un maximum de situations
Le cas de Stéphane
« Dans mon précédent poste de manager, j’avais des difficultés à me positionner dès que certaines problématiques survenaient. Par exemple : un collaborateur en retard sur une échéance, un autre qui passe toute la journée à la machine à café, une personne qui impose sa façon de penser aux autres… La communication interpersonnelle n’était pas mon fort. J’avais tendance à me mettre en colère et même à crier. Je me suis retrouvé avec toute l’équipe à dos et j’ai perdu mon poste.
J’ai alors beaucoup réfléchi pour analyser ce qui s’était passé. Cela m’a amené à une remise en question personnelle et j’ai entamé un vrai travail sur moi. En plus d’un accompagnement personnalisé, j’ai suivi des formations en gestion du stress et des émotions. Le résultat est là. J’ai aujourd’hui un autre poste de manager ailleurs. Et ça se passe vraiment bien car j’ai identifié mes besoins et je suis capable de gérer mes émotions. En effet, j’ai appris à exprimer ma colère de façon constructive : dire les choses franchement mais d’un ton posé et avec un langage adapté. Je suis également beaucoup plus à l’écoute. J’ai beaucoup appris sur moi-même en apprenant à me positionner correctement. Finalement, un mal pour un bien ! »
[Se former] Maîtriser ses émotions pour être plus efficace
Comment travailler sa posture managériale ?
Avoir le bon positionnement avec son équipe demande de l’investissement. Voici 6 axes essentiels pour travailler votre posture managériale :
Axe 1 : Savoir comprendre, gérer et exprimer ses émotions de manière constructive
Axe 2 : Perfectionner sa pratique de l’écoute active
C’est-à-dire laisser l’autre s’exprimer complètement, s’abstenir de toute interprétation, rester neutre…
[Se former]
Développer votre efficacité relationnelle grâce à l’écoute active
Canaux de communication, synchronisation… zoom sur les techniques et postures qui marchent.
Axe 3 : Développer ses capacités d’observation et d’analyse envers chacun de ses collaborateurs, apprendre à les connaître
→ Mise en pratique : organiser un « vis ma vie »
Axe 4 : Faire preuve d’empathie
Autrement dit, se mettre à leur place, s’adapter à eux et à leur mode de fonctionnement, prendre en compte les besoins de chacun.
Axe 5 : Agir avec « éthique »
C’est se montrer exemplaire, respecter ses engagements, traiter chacun de façon équitable.
Axe 6 : Accepter la remise en cause, être ouvert à toujours apprendre et chercher à évoluer…
Cela passe notamment par : s’informer, se former, échanger avec d’autres managers, s’intéresser à leurs expériences et aux solutions alternatives…
En résumé, une bonne posture managériale apporte de nombreux bénéfices. D’une part, elle permet de construire au quotidien une cohésion d’équipe. D’autre part, elle favorise la motivation et l’intelligence collective, en développant un respect mutuel et des interactions constructives. Elle aide également à gérer au mieux les situations difficiles. Ainsi, l’équipe n’en sera que plus efficace et productive.