Véritable chef d’orchestre des procédures de marchés publics, l’acheteur public participe sur le long terme à l’optimisation de la performance économique des organismes publics. Depuis quelques années, ce métier en forte évolution se professionnalise. Comment accéder au poste d’acheteur public ? Quels sont les attraits et les contraintes de ce métier ? Quels seront les nouveaux enjeux du métier dans les années à venir ? Le point avec Mélanie Spagnuolo, experte en achats et marchés publics.
Évolutions réglementaires, impact économique de la crise sanitaire… L’acheteur public doit aujourd’hui relever de nouveaux défis. La loi « climat et résilience » du 22 août 2021 l’incite ainsi à des achats plus responsables et à adopter des critères écoresponsables dans les procédures. Par ailleurs, la situation sanitaire mondiale contraint fortement les budgets publics tout en entrainant des pénuries et une flambée des prix des matières premières.
Le métier d’acheteur public est donc riche, multifacettes et en perpétuelle évolution.
Quelles sont les principales missions de l’acheteur public ?
L’acheteur public effectue des achats de biens, de travaux et de prestations de service afin de répondre aux besoins des services publics. Il se charge de l’analyse et de l’évaluation des besoins, de la planification des achats et mène les procédures associées.
Selon la taille de l’organisme dans lequel il intervient, il peut se spécialiser dans un domaine, par exemple la stratégie achats ou la cartographie des risques, ou au contraire avoir un positionnement généraliste dans les plus petites structures.
L’acheteur public intervient également en matière de gestion des risques. Risques juridiques, d’une part : il est chargé de sécuriser la procédure. Risques opérationnels, d’autre part : il doit veiller à limiter les dérives financières, qualitatives et temporelles lors de l’exécution du marché.
Il peut aussi être amené à manager une équipe.
Quelle formation pour accéder au métier d’acheteur public ?
Les voies d’accès au métier d’acheteur public sont variées.
Dans la fonction publique, le poste est accessible pour les catégories d’emplois A et B par voie de concours.
Un master en droit des marchés publics ou en achats complété par des expériences probantes permet d’accéder facilement au poste. D’autres cursus peuvent également convenir : gestion, administration, management.
Aujourd’hui, nombreux sont les professionnels qui rejoignent ce métier sans spécialisation sur le sujet. Ils se forment alors « sur le tas » ou via des formations professionnelles. ORSYS propose un parcours certifiant Acheteur public afin de maîtriser la procédure de passation d’un marché public, de la formulation des besoins jusqu’au suivi du marché.
Quelles sont les compétences requises ?
Le poste requiert en premier lieu de solides connaissances du droit public et code de la commande publique. L’acheteur public doit également posséder une bonne culture économique et un fort intérêt pour les achats responsables. La capacité à convaincre et à fédérer est indispensable.
COMPÉTENCES TECHNIQUES (hard skills/savoir-faire)
- Parfaite connaissance du code de la commande publique et de l’environnement légal et réglementaire associé
- Maîtrise des outils de veille juridique : veille permanente de la réglementation et de la jurisprudence
- Capacité à identifier et à évaluer les risques juridiques, opérationnels, fournisseurs…
- Rigueur rédactionnelle : rédiger des documents administratifs et contractuels
- Maîtrise des techniques de négociation
APTITUDES COMPORTEMENTALES ET RELATIONNELLES (soft skills/savoir-être)
- Esprit d’analyse et de synthèse
- Curiosité intellectuelle
- Sens de l’organisation
- Aisance relationnelle, esprit d’équipe et goût du travail transversal : collaboration interservices
- Sens de la confidentialité
Quel est le salaire d’un acheteur public ?
La rémunération et l’évolution salariale pour un acheteur public varient selon son statut (fonctionnaire ou contractuel) et son expérience.
Pour les jeunes cadres, la fourchette s’établit de 25 000 € à 40 000 € annuels brut. Les cadres expérimentés peuvent compter, eux, sur un salaire allant de 40 000 € à 60 000 € annuels brut.
Certains acheteurs du privé peuvent rejoindre le secteur public en cours de carrière. Dans ce cas, ils doivent s’attendre à une baisse de salaire de l’ordre de 10 à 20 %. Ce type de parcours peut être motivé par une volonté d’agir sur la transformation des organisations et d’œuvrer en faveur de l’intérêt général. Autrement dit, une quête de sens qui tend à compenser la perte de salaire.
Quelles sont ses perspectives d’évolution ?
Dans la fonction publique, les personnes disposant d’une première expérience (1 à 2 ans) en tant qu’assistant marchés publics, juriste achats publics ou rédacteur territorial peuvent accéder au poste d’acheteur public par voie de concours.
Un acheteur public expérimenté peut ensuite évoluer vers un poste de responsable des marchés publics, de directeur des affaires juridiques, de directeur des achats ou du service approvisionnements.
Quels sont les attraits et les contraintes de ce métier ?
- Environnement en évolution
- Missions et résultats concrets
- Perspectives d’évolution de carrière
- Déficit de considération par les partenaires (fournisseurs)
- Stress lié à la gestion des risques et des urgences
- Salaire moins élevé dans le secteur public par rapport au secteur privé