En cybersécurité, un takedown (procédure de retrait ou simplement retrait) désigne l’ensemble des actions entreprises pour identifier, signaler et obtenir le retrait, la suppression ou le blocage d’un contenu jugé malveillant, illégal ou contrefaisant et diffusé sur Internet.
Cette procédure vise à neutraliser la menace que représente ce contenu et à prévenir sa propagation auprès des utilisateurs.
👉 Types de contenus concernés
Sites web frauduleux (phishing et escroqueries)
- Faux sites bancaires imitant les interfaces de banques légitimes pour voler des identifiants et des informations financières.
- Sites de vente en ligne factices proposant des produits à des prix très attractifs, mais ne livrant jamais les commandes ou volant les informations bancaires lors du paiement.
- Pages de connexion à de faux services en ligne (réseaux sociaux, messageries, services cloud) pour récupérer les identifiants de connexion.
- Sites diffusant de fausses informations ou des théories du complot pouvant nuire à la santé publique ou à l’ordre social (désinformation).
Logiciels malveillants (malware)
- Ransomware qui chiffrent les données et exigent une rançon pour les déchiffrer.
- Spyware qui espionnent l’activité des utilisateurs et volent des informations personnelles.
- Virus et vers qui se propagent et endommagent les systèmes.
- Chevaux de Troie (Trojans) qui se font passer pour des logiciels légitimes pour infiltrer les systèmes et ouvrir des portes dérobées.
- Botnets : réseaux d’ordinateurs infectés et contrôlés à distance pour mener des attaques (DDoS, spam, etc.).
Contenus illégaux
- Pornographie infantile (pédopornographie) : strictement interdite et faisant l’objet de takedowns prioritaires.
- Discours haineux et incitation à la violence : contenus racistes, antisémites, homophobes, etc., ou incitant à la haine et à la violence contre des groupes ou des individus.
- Contenus terroristes et apologie du terrorisme : propagande terroriste, recrutement en ligne, etc.
- Violation des droits d’auteur (Contrefaçon) : distribution illégale de musique, films, logiciels, livres, etc., protégés par le droit d’auteur.
- Diffamation et atteinte à la réputation : publication d’informations fausses et préjudiciables à la réputation d’une personne ou d’une entreprise.
- Vente de produits illégaux : médicaments contrefaits, drogues, armes, etc.
🎯 Objectifs d’un takedown
Protéger les utilisateurs
- Protection des données personnelles : empêcher le vol et l’utilisation abusive d’informations sensibles (identités, coordonnées bancaires, données de santé, etc.).
- Protection financière : prévenir les fraudes financières, les pertes d’argent dues à l’hameçonnage ou aux escroqueries en ligne.
- Protection contre les dommages matériels et immatériels : éviter les dommages causés aux systèmes informatiques par des logiciels malveillants, les interruptions de service, les pertes de données, etc.
- Protection de la santé publique : lutter contre la désinformation en matière de santé, la vente de médicaments contrefaits, etc.
Préserver la réputation
- Maintien de la confiance des clients et partenaires : agir rapidement pour retirer des contenus diffamatoires rassure les parties prenantes sur la réactivité et le sérieux de l’entreprise.
- Protection de l’image de marque : éviter que des contenus négatifs ou illégaux associés à la marque ne nuisent à sa perception par le public.
- Minimiser l’impact médiatique négatif : réduire la visibilité des contenus préjudiciables et limiter leur diffusion virale.
Lutter contre la cybercriminalité
- Perturber les activités des cybercriminels : en retirant les outils et infrastructures qu’ils utilisent (sites de phishing, serveurs de commande et de contrôle de botnets, etc.).
- Démanteler les réseaux criminels : les procédures de takedown peuvent fournir des informations utiles aux enquêtes policières et judiciaires pour identifier et démanteler les organisations cybercriminelles.
- Dissuader la cybercriminalité : en montrant que les activités illégales en ligne ne sont pas tolérées et font l’objet de mesures de répression.
Comment fonctionne un takedown ?
La procédure de takedown est variable selon le pays, la législation et le type de contenu.
Notification et retrait volontaire
Dans de nombreux cas, une simple notification au fournisseur d’hébergement (hébergeur web, plateforme de réseau social, etc.) ou au registraire de nom de domaine suffit à obtenir le retrait volontaire du contenu. Cette notification doit généralement être motivée et étayée par des preuves du caractère illégal ou malveillant du contenu. Elle peut s’appuyer sur les conditions générales d’utilisation (CGU) de la plateforme qui interdisent certains types de contenus.
Procédures de retrait basées sur la législation
Dans les cas plus complexes ou lorsque le retrait volontaire n’est pas obtenu, des procédures plus formelles peuvent être engagées, basées sur différentes législations :
- DMCA (Digital Millennium Copyright Act) aux États-Unis : permet aux détenteurs de droits d’auteur de demander le retrait de contenus contrefaisants. Des procédures similaires existent dans d’autres pays.
- Mises en demeure : en France et dans de nombreux pays, des mises en demeure peuvent être envoyées aux hébergeurs et aux responsables de publication en se basant sur le droit de la propriété intellectuelle, le droit à l’image, le droit à la vie privée, la loi sur la liberté de la presse, le code pénal (pour les contenus illégaux), etc.
- Ordonnances judiciaires : dans les cas les plus graves ou litigieux, il peut être nécessaire de saisir la justice pour obtenir une ordonnance de retrait contraignant l’hébergeur ou le registraire à agir. Cela peut être le cas pour des contenus pédopornographiques, terroristes, ou portant gravement atteinte à l’ordre public.
- Signalement aux plateformes : la plupart des plateformes en ligne (réseaux sociaux, moteurs de recherche, plateformes de partage de vidéos, etc.) disposent de mécanismes de signalement intégrés permettant aux utilisateurs de signaler des contenus qu’ils estiment illégaux ou contraires aux conditions d’utilisation. Ces signalements sont ensuite examinés par la plateforme qui peut décider de retirer ou de bloquer le contenu.
👤 Acteurs impliqués dans un takedown
- Victimes : Les personnes ou organisations ciblées par des contenus malveillants ou illégaux. A cela s’ajoute les entreprises, institutions publiques, associations, et même les particuliers.
- Fournisseurs d’hébergement : les entreprises qui stockent les sites web et les fichiers sur leurs serveurs : plateformes de réseaux sociaux, plateformes de partage de vidéos, boutiques d’applications, registres d’adresses IP (dans certains cas).
- Registraires de noms de domaine : les organismes qui gèrent les noms de domaine (ex: .com, .fr). Ils peuvent être sollicités pour suspendre ou supprimer un nom de domaine utilisé pour des activités illégales.
- Autorités judiciaires : votre description est précise. On peut mentionner plus spécifiquement : police et gendarmerie spécialisées dans la cybercriminalité, parquets, juges d’instruction, tribunaux correctionnels et cours d’assises. La coopération internationale entre autorités judiciaires est essentielle pour les takedowns transfrontaliers.
- Sociétés spécialisées en cybersécurité : les forces de l’ordre et les tribunaux qui peuvent ordonner le retrait de contenus illégaux. . On peut ajouter : cabinets d’avocats spécialisés en droit du numérique, sociétés de gestion de la réputation en ligne, centres de réponse à incidents de sécurité (CERT).
- Organismes de régulation et de signalement : dans certains pays, il existe des organismes publics chargés de recevoir les signalements de contenus illégaux en ligne et de coordonner les procédures de takedown (par exemple, Point de Contact en France pour les contenus illicites sur internet).
- Moteurs de recherche : bien qu’ils ne soient pas directement impliqués dans l’hébergement, les moteurs de recherche peuvent être sollicités pour déréférencer des pages web contenant des contenus illégaux, les rendant moins accessibles aux utilisateurs.
- Navigateurs web et fournisseurs d’accès à internet (FAI) : dans des cas extrêmes et sur ordre judiciaire, les FAI peuvent être amenés à bloquer l’accès à certains sites web pour leurs abonnés. Les navigateurs web peuvent également intégrer des mécanismes de filtrage et d’alerte contre les sites malveillants.
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