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Stratégie d’achats : comment concilier réduction des coûts et RSE ?

Publié le 30 avril 2024
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Quelle stratégie d’achats en 2024 et au-delà ? La RSE prend de plus en plus d’ampleur au sein des organisations. Chaque segment de l’entreprise est appelé à en tenir compte dans ses activités. C’est le cas également de la fonction achat. Christèle Gravoille, experte en stratégie d’achats et conduite du changement, fait le point sur les dernières tendances. Tour d’horizon.

Stratégie d’achats : comment concilier réduction des coûts et RSE ?

Stratégie d’achats : quand la RSE bouscule les priorités

La recherche d’économies est un axe stratégique majeur pour les directions achats en 2024. Pourquoi ?

Augmentation des coûts des matières et des coûts logistiques, difficultés d’approvisionnement. Dans ce contexte, les hausses de prix imposées par les fournisseurs ont lourdement impacté les organisations. Ces évolutions tarifaires étaient justifiées pendant la période post Covid. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour certains, c’est l’occasion d’appliquer des hausses de prix injustifiées.

Selon une étude du cabinet de conseil AgileBuyer et du Conseil national des achats, menée fin 2023 auprès de 870 spécialistes de la fonction, 77 % des directions achats interrogées ont fixé la réduction des coûts comme objectif prioritaire en 2024. Un taux en augmentation depuis 2022 (55 % en 2022 et 66 % en 2023), qui retrouve ainsi le même niveau qu’en 2021.

Sur un podium, le top 3 d'une stratégie d'achats : numéro un la recherche d'économies, numéro deux la sécurisation des approvisionnements, numéro trois la décarbonation des achats.

C’était une priorité forte dans la période post Covid : la sécurisation des approvisionnements. Pour 2024, ce n’est plus un axe stratégique majeur : les risques de pénurie semblent écartés pour le moment. Cela impacte donc aussi fortement la relocalisation des achats et l’achat de made in France. Des pratiques qui, en outre, ne vont pas dans le sens d’une réduction du coût des achats.

À noter, cependant :

1/ Le contexte géopolitique reste très instable. Ces sujets peuvent donc redevenir un axe de préoccupation majeur à tout moment.

2/ Ils pourraient également revenir sur le devant de la scène pour répondre aux enjeux de décarbonation.

La poursuite du développement de la décarbonation constitue un autre axe majeur dans la stratégie d’achats. Cela implique de contrôler toute la chaine d’approvisionnement amont ainsi que la chaine logistique aval. 41 % des directions achats interrogées mesurent aujourd’hui l’empreinte carbone de leurs fournisseurs, contre 23 % en 2022. Et le critère C0² est pris en compte par 49 % des directions achats dans la sélection de leurs fournisseurs.

L’impact de la CSRD sur la stratégie d’achats

Mais ces avancées pourraient s’avérer insuffisantes avec l’entrée en vigueur de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)le 1er janvier 2024. Cette directive européenne vise à encourager le développement durable des entreprises. Pour cela, elle renforce les obligations et normes de publication des données sur la durabilité des entreprises.

Deux axes :

  • harmoniser le rapport extra-financier 
  • améliorer la disponibilité et la qualité des données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) communiquées

L’objectif ? Renforcer la confiance des investisseurs, des parties prenantes et du public dans les informations ESG fournies par les entreprises.

Sont concernées par la CRSD :

  • les entreprises de plus de 500 salariés
  • qui réalisent plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires
  • ou qui ont plus de 20 millions d’euros de total de bilan.

Lors d’une conférence organisée en février 2024 par la Caisse d’Épargne Île-de-France, Christelle Meunier, responsable de projets développement durable à la BPCE, expliquait les enjeux de cette nouvelle réglementation.

Ainsi, l’un des enjeux majeurs pourrait être l’accès aux financements. Les organismes bancaires et les investisseurs devraient en effet redoubler d’attention quant aux trajectoires des entreprises en matière de durabilité.

La CSRD peut donc représenter une formidable opportunité de business pour les entreprises de toutes tailles, et qui :

1/ vont se saisir du sujet sans attendre

2/ sauront développer un avantage concurrentiel à partir de cette contrainte réglementaire

Puis, la CSRD va progressivement s’étendre à l’horizon 2026 aux entreprises de plus petite taille. Par ricochet, elle impactera donc toute la chaine de valeur : fournisseurs et sous-traitants de toutes tailles.

5 axes d’action pour concilier réduction des coûts et RSE dans votre stratégie d’achats

Dans ce contexte, les directions achats se trouvent face à l’équation suivante : comment concilier réduction des coûts et intégration des enjeux RSE ?

Pour y répondre, la négociation commerciale ne sera pas suffisante. Mais les directions achats peuvent agir dans plusieurs directions.

1/ Jouer la carte de la sobriété

Les directions achats vont devoir jouer la carte de la sobriété. Cela signifie notamment : éliminer les gaspillages à tous les niveaux du processus d’achat.

2/ Raisonner en termes de « coût global » et de « cycle de vie »

Le raisonnement en termes de « coût global » et de « cycle de vie » va s’imposer plus que jamais. Il intègre en effet les enjeux, de recyclage, de réemploi, de décarbonation…

Les organisations matures, développant déjà cette pratique d’achat, poursuivront dans cette voie. En revanche, dans certaines TPE/PME, la culture achat est très orientée sur les activités opérationnelles et sur la négociation du prix facial. Pour ces structures, un changement de culture et de stratégie est nécessaire.

3/ Collaborer plus pour innover

En parallèle, la recherche d’innovationsnécessite d’intégrer les acheteurs et les fournisseurs dès la définition du besoin.

Actions complémentaires : veille, benchmark et sourcing.

Le développement d’un fonctionnement plus collaboratifen interne et en externe favorise également l’implication des fournisseurs et sous-traitants dans des pratiques plus vertueuses en matière de RSE, avec un objectif mutuel de réduction du coût global.

4/ Communiquer auprès des fournisseurs

Les directions achats jouent un rôle essentiel en matière de management de la relation fournisseurs. Il leur revient donc de veiller à ce que les fournisseurs soient :

  • capables de répondre aux enjeux d’innovation et de traçabilité
  • enclins à réaliser la remontée des informations nécessaires à la rédaction du rapport extra-financier du donneur d’ordre

Qui dit communication bien menée, dit pédagogie.

5/ Former les acheteurs

Communication et pédagogie sont également bénéfiques en interne. Toutefois, la formation des équipes achats apparait tout aussi essentielle pour concilier réduction des coûts et enjeux RSE. Elle peut débuter par une formation socle telle que Achats responsables : concilier performance achat et enjeux RSE. Puis, au fur et à mesure de la montée en compétence des acheteurs sur ce sujet, les besoins de formation pourront devenir plus précis.

Sobriété, coût global et cycle de vie, innovation et communication ou encore formation des acheteurs… Tels sont les grands axes à garder en tête pour concilier réduction des coûts et RSE dans une stratégie d’achats. Et vous, par quoi allez-vous commencer ?

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Notre expert

Christèle Gravoille

Achats, conduite du changement

Experte de la fonction achat et de la conduite du changement, elle a travaillé 25 années dans des entreprises industrielles d’envergure internationale […]

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