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Risques psychosociaux : de la prévention à la formation

Publié le 20 mai 2025
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Les risques psychosociaux (RPS), par leur impact direct sur le bien-être des salariés, touchent à la fois à la performance collective et à l’attractivité des organisations. En s’appropriant cette problématique, les entreprises peuvent non seulement répondre aux attentes de leurs équipes, mais également construire un environnement de travail durable et porteur de satisfaction. Mais concrètement, comment procéder ? L’éclairage de Diana Barou, psychologue du travail, formatrice et consultante en évolution professionnelle.

Illustration de l'article ORSYS sur les risques psychosociaux

Les entreprises rencontrent des difficultés croissantes pour recruter et fidéliser leurs talents. Il est donc essentiel de s’interroger sur ce qui pousse un salarié à intégrer une organisation et, surtout, à y rester. Bien que les aspects financiers soient importants, ils ne suffisent pas à eux seuls pour garantir l’engagement des collaborateurs. D’autres facteurs jouent un rôle tout aussi crucial. Par exemple :

  • la qualité des relations avec le management
  • l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
  • une ambiance de travail bienveillante

C’est en effet ce que souligne une enquête du cabinet de recrutement Robert Half en 2022. Ces éléments sont souvent cités par les employés comme déterminants. Ils mettent ainsi en lumière un enjeu majeur pour les entreprises : leur capacité à prévenir et à gérer les risques psychosociaux.

Les risques psychosociaux : de quoi parle-t-on ?

Les risques psychosociaux désignent un ensemble de facteurs susceptibles de porter atteinte à la santé mentale et physique des salariés. Ces risques peuvent donc émaner :

1/ De l’organisation même du travail

Lorsque l’organisation du travail génère une surcharge, impose des objectifs mal définis ou prive les collaborateurs d’autonomie, elle expose ces derniers à des niveaux de stress importants.

2/ Des relations professionnelles

Par ailleurs, des relations conflictuelles, un manque de reconnaissance ou encore une absence de soutien de la part du management créent des tensions qui affectent profondément la qualité de vie au travail.

3/ Des conditions dans lesquelles le travail est accompli

Enfin, des environnements marqués par l’insécurité de l’emploi, des conditions de travail difficiles ou des changements technologiques mal accompagnés viennent accentuer le mal-être des salariés.

Ces situations, prises isolément ou combinées, constituent des terrains propices à l’apparition des RPS.

Risques psychosociaux : un double coût humain et économique à ne pas sous-estimer

Les risques psychosociaux ont donc des répercussions profondes, à la fois sur les individus et sur les organisations. Lorsqu’ils ne sont pas pris en compte, ils peuvent entraîner des troubles psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou le burn-out, mais aussi des affections physiques liées au stress, telles que des troubles du sommeil ou des maladies cardiovasculaires. Ces difficultés se traduisent souvent par un désengagement des salariés, une baisse de la motivation et une augmentation de l’absentéisme et du turnover. Cela impacte directement la productivité et la cohésion des équipes.

Pour les entreprises, ces conséquences se répercutent sur la performance globale et les résultats financiers. D’abord, un climat de travail dégradé réduit la qualité du travail fourni. Cela augmente aussi les coûts : arrêts maladie, recrutements répétés… Et engendre une perte de compétitivité. Par ailleurs, une organisation qui néglige ces enjeux peut voir son image ternie, rendant le recrutement plus difficile et accentuant la fuite des talents. À plus grande échelle, les risques psychosociaux pèsent sur l’économie nationale, à hauteur de 3 à 4 % du PIB dans les pays développés, selon l’INRS.

La prévention des RPS est donc un enjeu stratégique pour toute entreprise soucieuse de sa pérennité. En adoptant des actions adaptées – sensibilisation, amélioration des conditions de travail, formations –, les organisations peuvent à la fois :

  • protéger la santé de leurs collaborateurs
  • renforcer leur attractivité et leur compétitivité sur le long terme

Prévention des RPS : pourquoi la formation fait toute la différence

La formation est un levier stratégique incontournable pour sensibiliser les équipes aux risques psychosociaux et instaurer des mesures de prévention efficaces. Une formation bien conçue permet aux collaborateurs et aux managers de mieux comprendre les mécanismes des RPS et d’acquérir des outils concrets pour les prévenir. Par exemple, des sessions dédiées à l’analyse des facteurs de risque aident à repérer les éléments organisationnels ou relationnels susceptibles de générer du stress, du harcèlement ou des conflits. En complément, des modules pratiques sur l’élaboration d’un plan d’action donnent aux entreprises les moyens de mettre en place des solutions ciblées : adaptation des conditions de travail, amélioration de la communication interne ou encore promotion d’un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

La gestion du stress, un pilier essentiel des formations en prévention des RPS

L’objectif est de renforcer la résilience des salariés en leur offrant des techniques pour mieux faire face aux pressions quotidiennes. Exercices de respiration, gestion des priorités ou encore méthodes de relaxation peuvent être intégrés dans ces formations pour permettre aux employés de mieux maîtriser leurs réactions face aux tensions professionnelles.

Le rôle clé des managers en matière de risques psychosociaux

Former les managers joue également un rôle clé dans le bien-être au travail. Un encadrement bienveillant et formé à la détection des signaux faibles peut ainsi prévenir des situations de détresse en encourageant le dialogue et en apportant un soutien adapté aux équipes. Des formations spécifiques au leadership positif, à la résolution de conflits ou à l’écoute active permettent aussi aux managers d’adopter des pratiques managériales favorisant le bien-être et la motivation des salariés.

Risques psychosociaux : de la prise de conscience à l’action concrète

Les risques psychosociaux ne sont pas une fatalité. Bien au contraire, ils peuvent être maîtrisés grâce à une approche proactive et structurée. En s’investissant dans la prévention, les entreprises respectent leurs obligations légales tout en bâtissant un environnement de travail où les collaborateurs peuvent s’épanouir pleinement. Cependant, prévenir les RPS ne doit pas être une action isolée. Elle s’inscrit en effet dans une démarche globale d’amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT).

En intégrant des pratiques concrètes et adaptées, les entreprises peuvent transformer les défis liés aux RPS en opportunités de progrès.

Pour y parvenir, plusieurs leviers d’action peuvent être mobilisés.

1. Évaluer les risques psychosociaux pour mieux les anticiper

Identifier les causes du stress au travail est la première étape pour agir efficacement. Les entreprises peuvent s’appuyer sur des enquêtes anonymes et des indicateurs clés (absentéisme, turnover) afin d’ajuster leurs plans d’action en prévention.

Par exemple : mettre en place un baromètre du bien-être au travail permet d’évaluer régulièrement le niveau de stress des salariés et d’adapter les mesures RH en conséquence.

2. Encourager la communication pour libérer la parole

Un climat de confiance passe par des espaces d’échange où les salariés peuvent s’exprimer librement. Former les managers à l’écoute active et à la gestion des tensions favorise la prévention des conflits.

Par exemple : des groupes de parole encadrés, comme les cafés bien-être, permettent aux collaborateurs de partager leurs difficultés dans un cadre sécurisé et bienveillant.

3. Gérer la charge de travail et assurer un équilibre pro-perso

Une charge de travail excessive est un facteur clé des RPS. Il est donc essentiel de clarifier les priorités et de proposer des solutions comme la flexibilité des horaires ou le télétravail.

Par exemple : une charte de la déconnexion limite l’envoi d’e-mails en dehors des heures de travail, réduisant ainsi la pression ressentie par les salariés.

4. Miser sur un management bienveillant

Un encadrement basé sur la reconnaissance et l’autonomie améliore le bien-être des collaborateurs. Former les managers à détecter les signes de détresse et promouvoir un management participatif est essentiel.

Par exemple : des formations à l’écoute active permettent aux managers de mieux accompagner leurs équipes et de favoriser une communication constructive.

5. Valoriser les collaborateurs pour renforcer leur engagement

Un salarié reconnu est plus motivé et résilient face au stress. Mettre en place des politiques de reconnaissance et d’évolution interne contribue à leur engagement.

Par exemple : un programme de mentorat encourage les échanges entre collaborateurs expérimentés et nouveaux arrivants, renforçant ainsi la cohésion et le sentiment d’appartenance.

6. Former aux RPS pour donner les bons outils

La formation est enfin un levier indispensable pour sensibiliser les salariés et leur fournir des méthodes adaptées à la gestion du stress et des conflits. Par exemple : outre la sensibilisation aux RPS, les ateliers pratiques sur la gestion du stress et la communication permettent aux équipes d’acquérir des outils concrets pour mieux gérer la pression quotidienne et favoriser un climat de travail plus serein.

Infographie sur la prévention des risques psychosociaux (RPS) présentant 6 pistes d'action pour améliorer la QVCT (qualité de vie et des conditions de travail). 1/ Évaluer les RPS. 2/ Encourager la communication. 3/ Gérer la charge de travail. 4/ Miser sur le management bienveillant. 5/ Valoriser les collaborateurs. 6/ Former aux RPS.

En définitive, la prévention des risques psychosociaux ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité de transformation vers une entreprise plus humaine et plus performante. En effet, en plaçant le bien-être des salariés au cœur de leur stratégie, les entreprises ne se contentent pas d’améliorer leur attractivité et leur productivité. Elles construisent aussi un environnement où chacun peut s’épanouir durablement. Mais la réflexion ne s’arrête pas là. Comment aller encore plus loin ? Peut-on imaginer de nouveaux modèles d’organisation du travail qui favorisent encore davantage l’équilibre et la motivation des collaborateurs ? L’intelligence artificielle, le travail hybride ou encore l’innovation managériale pourraient-ils redéfinir la manière dont les RH conçoivent la qualité de vie et des conditions de travail ? Autant de questions qui invitent les entreprises à poursuivre leur engagement et à anticiper dès aujourd’hui les défis de demain.

Notre expert

Diana BAROU

Prévention des risques psychosociaux, évolution professionnelle, psychologue du travail

Psychologue du travail, formatrice et consultante en évolution professionnelle, elle est spécialisée dans la prévention des risques psychosociaux […]

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