De la mécanique à l’électronique en passant par la programmation, l’ingénieur en robotique est avant tout polyvalent. Avec Cédric Vasseur*, expert et formateur en IA et robotique, nous tentons d’esquisser son portrait-robot.
Parce qu’elle fait appel à plusieurs domaines d’expertise, la robotique se résume difficilement en quelques compétences. Pour Cédric Vasseur, qui intervient depuis plus de vingt ans sur des projets variés en lien avec la robotique et l’intelligence artificielle, une première approche serait de distinguer le « matériel » du « logiciel ». « On a d’un côté les métiers industriels, qui vont œuvrer sur l’usinage de pièces, et de l’autre les métiers de l’environnement logiciel et de l’intelligence artificielle.»
Comment, dans ce cas, identifier le rôle de l’ingénieur en robotique, dont les compétences semblent couvrir ces deux aspects de la robotique ?
Quelles sont les missions de l’ingénieur en robotique ?
En réalité, plusieurs profils se retrouvent sous l’étiquette « ingénieur en robotique ». On pourrait se contenter de résumer son rôle en lui attribuant la conception, la programmation et la maintenance de robots et systèmes robotiques… mais il s’agit là d’une définition très vaste. Peu de « roboticiens » peuvent se targuer d’intervenir à chaque étape d’un projet. Selon Cédric Vasseur, cet aspect généraliste du métier s’explique au moins en France par la diversité des besoins en robotique : « Dans le domaine de la robotique, tout dépend des objectifs. Certains ingénieurs vont devoir travailler avec des robots, tandis que d’autres interviennent en amont, sur leur conception. »
De la conception d’un robot industriel – un processus sophistiqué qui requiert des années d’implication – aux robots d’accueil ou d’entretien, sans oublier les équipements robotiques pour le domaine de la santé, on identifie au moins un point commun : « Un projet robotique n’implique pas une seule personne mais, en général, une équipe assez large. »
La mission principale d’un ingénieur en robotique dépendra donc de sa spécialisation, qu’il intervienne sur le design du robot, son système électronique ou son automatisation. À la conception, il s’appuie sur le cahier des charges pour définir les tâches à réaliser. Mais également les solutions technologiques auxquelles recourir en fonction des spécificités du projet. Comme l’explique Cédric Vasseur, « un cahier des charges pour un projet industriel comprend aussi bien l’analyse des besoins et de faisabilité que la maintenance et la maintenabilité, en passant par la sécurité. » Mais tous les projets sont différents. Si un ingénieur participe à l’élaboration du système robotique et aux tests de validation, il peut également avoir à un rôle à jouer jusqu’aux opérations de réglage.
Dans quels secteurs ?
Compte tenu de ses innombrables possibilités, la robotique ne cesse de se développer dans des domaines d’application très divers. Pour Cédric Vasseur, « la question n’est pas tant de savoir quels sont les domaines concernés par la robotique… que d’en trouver qui ne le sont pas ». En France, où les projets gagnent progressivement en audace, le profil de l’ingénieur en robotique est de fait très recherché. Que ce soit dans le domaine de la construction ou de l’aéronautique, de l’automobile et de la voiture autonome, de la cobotique en milieu industriel… ou pour développer les robots-chirurgiens qui investissent le secteur de la santé.
Au final, dans la pratique, les roboticiens peuvent avoir des profils très différents. Ils peuvent travailler aussi bien en laboratoire que dans un atelier. « Les laboratoires de recherche n’ont pas du tout les mêmes ambitions qu’un industriel ; il n’y a pas d’obligation de résultat dans la recherche. Tandis que l’industriel a pour objectif de produire quelque chose de concret. Ceci étant dit, la plupart des constructeurs ont un laboratoire de recherche… »
Quelles compétences ?
On l’aura compris, dans les métiers de la robotique, la polyvalence est clé. « L’ingénieur en robotique se spécialise forcément dans un ou plusieurs domaines », précise Cédric Vasseur, tout en admettant qu’un certain nombre de compétences techniques demeurent indispensables… à commencer par l’informatique.
« Le niveau de maîtrise requis en programmation, ainsi que les langages de programmation à maîtriser, dépendent du projet. Mais le langage sur lequel on ne peut pas faire l’impasse en robotique et IA aujourd’hui, c’est Python. » Le formateur cite également le C et le C++, des langages dits de « bas niveau » et liés à la performance, voire le langage assembleur pour travailler sur la partie « matérielle » : « un langage complexe auquel il est difficile de se former, et son usage ne sera donc requis que pour des situations très spécifiques. » Il n’en reste pas moins que l’ingénieur en robotique doit disposer d’un solide bagage en programmation.
Mais pas que ! Parmi les compétences principales de l’ingénieur, Cédric Vasseur mentionne également les mathématiques, la mécanique et l’électronique, au même titre que la gestion de projet et le langage UML en méthodologie de génie logiciel. Et puis, plus surprenant peut-être, le design et l’UX. En effet, ils « peuvent aussi avoir leur importance pour participer à la fabrication d’un robot ».
Quelles qualités ?
Motivation requise, donc, mais selon Cédric Vasseur, « les personnes qui s’orientent dans la robotique sont en général des passionnées ». Et le secteur, en pleine évolution, conserve toute son attraction malgré la complexité de certains projets, qui exigent autant de rigueur que de créativité. « Il faut savoir faire preuve de patience, et être capable de voir à court, moyen et long terme pour travailler dans la robotique. Souvent, il est aussi important de faire preuve d’un grand sens de l’organisation que de sortir des sentiers battus – surtout dans la recherche. » Et d’ajouter que les roboticiens peuvent provenir d’horizons très différents : diplômés d’écoles d’ingénieurs, développeurs chevronnés, ou même designers en reconversion… Une diversité qui ne peut qu’être une richesse en robotique !