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Optimiser son code, un enjeu financier et environnemental

Publié le 22 février 2022
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Écoconception : un enjeu pour l'environnement qui commence par le code

L‘optimisation du code permet non seulement de réduire l’empreinte environnementale d’une application ou d’un site web, mais aussi de faire des économies et de favoriser l’accessibilité.

En 2019, le secteur du numérique était responsable de 4 % des émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre, selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. C’est l’équivalent des émissions de tous les camions du monde. Le numérique est également le secteur dont la part des émissions mondiales croit le plus vite : elle devrait doubler d’ici 2025.

Face à ce constat, les entreprises s’intéressent de plus en plus à l’écoconception. Cette démarche consiste à réduire l’impact environnemental d’un produit dès sa conception.

Au-delà des gaz à effet de serre, l’empreinte environnementale du numérique s’étend à l’ensemble du cycle de vie des équipements, des réseaux et des terminaux. Elle doit aussi inclure la consommation en eau, en terres rares, en énergie… mais aussi s’intéresser à la durée de vie des matériels et à leur recyclage.

Agir sur le matériel, mais aussi le logiciel, notamment le code

L’impact du numérique sur l’environnement touche aussi bien le matériel que le logiciel. La fabrication du matériel informatique génère à elle seule l’essentiel des problèmes environnementaux (de 65 à 92 % selon l’Ademe). Pour réduire son empreinte environnementale, une DSI peut actionner plusieurs leviers. Le plus évident consiste à allonger la durée de vie de ses équipements, serveurs, ordinateurs, tablettes et autres smartphones. La DSI réalise immédiatement des économies et des gains environnementaux conséquents sachant que, selon l’Ademe, la conception, l’utilisation et le traitement en fin de vie des matériels pèsent pour 47 % des émissions de gaz à effet de serre.

Cette gestion écoresponsable du matériel ne doit pas occulter l’importance d’agir également sur le volet logiciel, les deux dimensions étant d’ailleurs intimement liées.

L’écoconception consiste à concevoir des services numériques les moins énergivores possibles. Elle favorise de fait l’accessibilité : une application écoconçue pourra fonctionner sur tout type de terminal et pas uniquement sur de puissants ordinateurs.

La règle des 3U

Une démarche d’écoconception couvre tout le cycle de vie d’un produit ou d’un service, de la conception à l’exploitation en passant le développement et la maintenance. On parle aussi d’écoconception by design, car la réflexion commence dès la phase de cadrage du projet.

Selon la règle des 3U (Utile, Utilisable et Utilisé), il s’agit de passer en revue les fonctionnalités de la future application ou site web et de s’interroger pour chacune d’elles si elle est utile, utilisable et utilisée.

Est-il, par exemple, nécessaire d’intégrer des vidéos en haute définition et des images non optimisées à toutes les pages d’un site d’e-commerce ?

Pour Frédérick Marchand, dirigeant de Digital4Better, société spécialisée dans le développement d’applications écoconçues, et auteur du guide 40 mots pour un numérique responsable (éditions ContentA), “un design aux effets “waouh”, qui met trop de temps à s’afficher, voire qui ne s’affiche pas sur certains ordinateurs ou mobiles – et cela arrive souvent -, ne sert à rien.” Cela peut même être contre-productif. En complexifiant sans raison un parcours utilisateur, une entreprise prend le risque de perdre en chemin l’utilisateur.

Respecter les bonnes pratiques d’optimisation du code

Dans ses arbitrages, une organisation doit prendre en compte ces enjeux environnementaux et sociétaux au-delà des critères classiques du coût, du délai ou du retour sur investissement quitte à opposer un “no go” à un projet évalué comme trop énergivore.

Au même titre que l’on a rajouté la composante sécurité à la démarche DevOps pour aboutir au mot-valise DevSecOps, peut-être faudra-t-il faire demain du DevGreenSecOps, voire du DevSocialGreenSecOps en incluant la dimension inclusion et accessibilité comme le propose en ironisant Frédérick Marchand.

Une fois le projet lancé, il s’agit d’appliquer les bonnes pratiques en matière d’optimisation du code et de qualité logicielle répondant aux normes de qualité logicielle ISO 25010 ou ISO 5055 :2021 ou à l’approche Jamstack pour la création de site web. Sur son site, l’Institut du numérique responsable (INR) recense un certain nombre d’outils en ligne qui mesurent la performance environnementale d’une page web comme Ecomoter, Ecoindex ou Ecograder. Utiliser de tels indicateurs permet de positionner un site selon la qualité de son design, de son code et de son hébergement.

De la conception à l’exploitation

Si la phase de développement est essentielle, il ne faut pas oublier la partie tests qui permet d’identifier des goulets d’étranglement et la surconsommation de ressources machines. De même, les choix d’hébergement (on-premise, cloud) ne sont pas neutres. L’effort ne s’arrête pas non plus avec la mise en production. Dans une démarche d’amélioration continue, l’optimisation de l’empreinte énergétique se poursuit lors de la maintenance évolutive de l’application et donc de son code.

De même, l’écoconception by design ne concerne pas que les nouveaux projets. Pour réduire sa dette technique (induite par un codage non optimal), une organisation gagne à faire des revues régulières de son patrimoine applicatif afin de “débrancher” les applications peu ou pas utilisées ou tout du moins de réduire leur périmètre fonctionnel. Quant aux autres, un “lifting” de leur design et de leur code permet de réduire le “gras” numérique.

En coordination avec la direction des achats, la DSI peut également influer dans le choix des progiciels du marché. Même si les éditeurs manquent de transparence sur le sujet, un critère d’écoresponsabilité permet d’orienter les appels d’offres. “Les progiciels sont en surpoids et n’ont jamais été écoconçus, leur empreinte est pour la plupart trop importante”, tranche Frédérick Marchand dans son livre. L’expert rappelle, par ailleurs, qu'”un progiciel est utilisé en moyenne pour seulement un quart de ses fonctionnalités.”

Optimiser le code : reprendre les bonnes pratiques des pionniers

Au-delà de ce cadre de gouvernance à poser en interne, une entreprise a tout intérêt à  comparer ses performances avec des organisations comparables. À ce titre, le Challenge Sobriété Numérique, organisé par APIdays The Green Compagnon et Fairness, est un exercice intéressant. Coachées par des experts, les équipes IT de grands comptes français ont trois mois pour réduire l’empreinte carbone de leurs activités numériques.

Les DSI d’Allianz, OUI.sncf, Yves Rocher, Leroy Merlin et Meetic participaient à l’édition 2021. À titre d’exemple, Allianz France s’était donné pour objectif de réduire l’empreinte de son site visité par des centaines de milliers d’utilisateurs.

Dans le rapport qui dresse le bilan du challenge, on voit que les gains se situent un peu partout, dans l’optimisation du code ou les choix d’architecture et d’infrastructure. Il s’agit notamment d’éviter les journaux de logs inutiles ou de procéder à des traitements de données en mode batch plutôt qu’en temps réel. À l’heure du big data, il convient également de s’interroger sur l’intérêt de stocker des données redondantes, obsolètes ou sans valeur.

Le recours à un hébergement en mode cloud permettrait, par ailleurs, de bénéficier de l’effet d’échelle d’une infrastructure mutualisée, mais aussi des efforts entrepris par les fournisseurs en termes d’optimisation de l’efficience énergétique de leurs centres de données alimentés le plus souvent en énergie renouvelable.

Pour conclure, une démarche d’écoconception n’est pas seulement bonne pour la planète. Elle permet à une DSI de faire des économies à toutes les phases d’un projet, mais aussi de renforcer sa marque employeur. Enfin, sur un marché de l’emploi pénurique, une stratégie écoresponsable entre en résonance avec les préoccupations environnementales des jeunes développeurs des générations Y et Z. Un levier d’attractivité non négligeable.

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