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Négociation des achats : les bonnes pratiques

Publié le 16 janvier 2025
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Dans un contexte instable, la négociation des achats impose à l’acheteur de s’adapter et d’anticiper les risques. Mais, concrètement, comment faut-il procéder ? Tour d’horizon des bonnes pratiques avec Alain Wolgensinger, spécialiste en commerce international.

Négociation des achats

La pression de VUCA sur la négociation des achats

VUCA, c’est le nom anglais donné à un environnement instable :

Quelques caractéristiques d’un environnement global incertain :

1/ La résurgence de l’inflation

Notamment liée à l’explosion du prix de l’énergie, elle impacte les coûts de production des fournisseurs. Certains acheteurs ont ainsi subi des hausses de prix non négociables.

2/ Les effets disruptifs de la pandémie sur les transports (coût du fret maritime)

3/ La pression sur l’offre des fournisseurs

La compétition internationale veut sécuriser les approvisionnements en matières premières stratégiques. Exemple : lithium pour les batteries, uranium pour le nucléaire, cobalt pour l’électronique…

4/ La concentration parfois écrasante de savoir-faire industriels

Si le secteur des semi-conducteurs est dominé par quelques pays, celui des nanoconducteurs est carrément écrasé par l’entreprise taiwanaise TSMC. Elle détient en effet l’exclusivité auprès d’Apple pour les iPhone, iPad et Mac. Et ses 530 clients en 2023 n’ont clairement pas eu l’embarras du choix.

5/ Les décisions souveraines de certains États

Des décisions qui visent à protéger leurs économies ou leur population : droits de douane élevés, importations ou exportations prohibées. Avec leur lot de conséquences.

Exemples :

6/ Une répartition inégale des ressources naturelles

Cette répartition inégale des ressources naturelles entre les pays est une source d’incertitude majeure. Il peut ainsi devenir très difficile pour un acheteur de remplacer un fournisseur au pied levé.

Par exemple :

La République démocratique du Congo est considérée comme le pays le plus riche du monde en termes de ressources. Ses gisements de minéraux bruts sont estimés à 24 000 milliards de dollars (cuivre, cobalt, or, pétrole). C’est aussi un acteur majeur du cacao.

Pour ne pas être écrasé dans la négociation des achats, l’acheteur doit clairement s’adapter et anticiper les risques. Bref, être agile ! Comment ?

Le point de départ de la négociation des achats : analyser la situation compétitive

La matrice de Kraljic (cf. schéma) est un outil de classification du portefeuille achats. Elle aide l’acheteur à évaluer la situation concurrentielle et donc sa force de frappe. Son principe : catégoriser les achats selon leur valeur (= le budget plus ou moins important qui leur est consacré) et leur complexité (= la difficulté plus ou moins grande à trouver des fournisseurs pour ces produits).

Négociation des achats - Matrice de Kraljic - Schéma

Quel impact sur la négociation des achats ?

Fort de son analyse en amont, l’acheteur déroulera sa stratégie tel un caméléon : sa posture de négociateur devra s’adapter selon les rapports de force. Sans oublier que VUCA pourrait bousculer ce rapport.

Les bonnes pratiques pour dérouler ses stratégies d’achat

1/ Consolider son expertise technique 

Une nécessité pour toutes les catégories, sauf les achats « Simples ».

Rien de plus convaincant qu’un vendeur aguerri, passionné par son produit dont il connaît les caractéristiques uniques qu’il vante mieux que quiconque… et motivé par le bonus qu’il espère décrocher s’il fait signer le contrat à l’acheteur.

L’acheteur doit donc maîtriser parfaitement le produit et le marché pour identifier les opportunités.

2/ Soigner communication et relations interpersonnelles 

Au-delà de la maîtrise technique, la gestion des relations interpersonnelles est essentielle pour une négociation réussie.

Ainsi, une approche respectueuse et équilibrée est cruciale, notamment lorsque le rapport de force est moins favorable à l’acheteur.

C’est typiquement le cas des achats « Critiques ». Mais pas seulement !

L’expression allemande « die Rache des Kleinen » (la revanche du petit) le rappelle : être rude avec un fournisseur peut vite se retourner contre vous lorsque la situation vous est moins favorable.

Alors, (re)découvrir l’assertivité est essentiel : affirmez-vous tout en restant à l’écoute de votre interlocuteur.

Par ailleurs, dans un environnement globalisé, maîtriser la communication interculturelle est un autre atout pour éviter les malentendus, voire les chausse-trappes.

3/ Rester en veille

La préparation est l’une des clés d’une négociation des achats réussie. Mais, sous l’effet VUCA, les cartes peuvent rapidement se redistribuer.

Une veille constante sur le marché s’impose donc à l’acheteur.

4/ Établir une feuille de route claire 

La planification de la négociation des achats est également essentielle. L’acheteur doit donc définir des étapes précises avec des objectifs clairs et prévoir des limites pour éviter de se retrouver piégé par un contrat défavorable. Une feuille de route bien construite permet en effet de rester concentré sur les objectifs à long terme.
Last but not least : elle permet de relativiser en cas d’échec, si l’acheteur était dans une situation trop défavorable.

En conclusion, même dans un environnement incertain et complexe, une approche structurée de la fonction achat peut faire la différence.

Notre expert

Alain Wolgensinger

Commerce international

Spécialiste en développement international, optimisation de la performance commerciale et coaching export, il s’appuie sur […]

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