Un cyberenquêteur est un officier spécialisé (policier, gendarme, expert civil assermenté) dans l’investigation des délits liés au numérique et à la cybercriminalité.
Son rôle consiste à recueillir, analyser et exploiter les preuves numériques afin d’identifier et de poursuivre les auteurs d’infractions commises dans le cyberespace. Il adopte également une posture proactive en participant à des missions de veille et de prévention, en identifiant les nouvelles menaces émergentes et en contribuant à améliorer la sécurité globale du cyberespace.
Son champ d’action est vaste et couvre un large éventail de cybercrimes, allant du piratage informatique sophistiqué aux formes plus courantes de cyberdélinquance telles que les escroqueries en ligne, le phishing, les ransomwares, la diffusion de contenus illégaux, le cyberharcèlement, l’atteinte aux systèmes d’information, ou encore la violation de données personnelles. Il intervient aussi bien sur des affaires isolées que sur des dossiers de criminalité organisée à grande échelle, souvent à dimension transnationale.
🎯 Missions
Les missions du cyberenquêteur se déclinent en plusieurs volets :
- Collecte et préservation des preuves numériques
Il réalise des analyses forensiques sur divers supports (ordinateurs, smartphones, serveurs, supports amovibles…) afin d’extraire des données probantes sans altérer leur intégrité. - Investigation et traçage
Il suit la piste des cybercriminels en analysant les réseaux, en identifiant les adresses IP et en utilisant des techniques de recherche sur internet, notamment via des outils OSINT (Open Source Intelligence). - Analyse des données
Grâce à des logiciels spécialisés, il interprète les traces laissées par les cyberattaques pour reconstituer la chaîne des événements et déterminer les responsabilités. - Collaboration interagences
Il travaille en étroite collaboration avec d’autres services de police et de gendarmerie, ainsi qu’avec des partenaires internationaux (Europol, Interpol, Eurojust…), afin de coordonner des opérations transfrontalières contre la cybercriminalité. - Veille technologique et formation
Confronté à l’évolution rapide des technologies et des méthodes employées par les cybercriminels, il se tient informé des dernières innovations et participe à des formations continues.
🔧 Outils utilisés
Pour mener à bien ses investigations, le cyberenquêteur s’appuie sur un arsenal technique varié :
- Logiciels de forensique numérique
Des outils comme EnCase, FTK ou Cellebrite permettent d’extraire et d’analyser les données présentes sur des supports numériques. - Outils d’analyse réseau et de détection d’intrusions
Des logiciels tels que Wireshark ou Snort sont utilisés pour surveiller et analyser le trafic réseau. - Solutions OSINT
Des plateformes comme Maltego ou Recon-ng facilitent la collecte d’informations publiques sur internet. - Équipements spécialisés
Des dispositifs matériels et logiciels spécifiques servent à extraire les traces d’activités (journalisation, récupération de métadonnées, analyse de données chiffrées). - Plateformes de coopération internationale
Des outils facilitant l’échange d’informations entre les agences (par exemple, via Interpol ou Europol) renforcent l’action transfrontalière.
Exemples
En France
- Réseau CYBERGEND et Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N)
La gendarmerie nationale dispose d’un réseau spécialisé (CYBERGEND) et de centres techniques (comme le C3N) regroupant des experts capables de mener des enquêtes complexes sur des affaires de cybercriminalité. - Affaire Encrochat
L’infiltration du système de communication chiffré Encrochat a permis de démanteler un réseau international de cybercriminels. Cette opération, qui a mobilisé des cyberenquêteurs français et internationaux, illustre bien l’efficacité de ces unités dans la lutte contre la criminalité organisée via les technologies numériques.
Dans le monde
- Europol et le Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (EC3)
Europol coordonne, entre autres, des opérations transnationales en cybercriminalité, rassemblant des experts de divers pays européens pour démanteler des réseaux criminels internationaux. - Interpol et les agences américaines (FBI, DHS)
Aux États-Unis, le FBI et d’autres services spécialisés mènent régulièrement des opérations contre des attaques de grande ampleur (comme le ransomware WannaCry) et collaborent avec leurs homologues internationaux pour contrer des groupes de hackers.
📊 Chiffres clés
En France, plusieurs rapports et documents officiels indiquent des effectifs et des données illustrant l’importance de cette spécialisation :
- Effectifs :
- Environ 456 policiers investigateurs en cybercriminalité.
- 54 experts au sein de la police technique et scientifique.
- 59 gendarmes experts en applications innovantes, avec environ 260 enquêteurs gendarmes N-TECH spécialisés dans les nouvelles technologies.
- Plus de 2 900 enquêteurs spécialisés et réservistes mobilisés contre la cybercriminalité.
- La gendarmerie nationale prévoit d’atteindre un réseau de près de 7 000 cyberenquêteurs (CYBERGEND) dans les prochaines années.
- Coopération internationale :
- On recense environ 74 services de sécurité intérieure à l’étranger impliqués dans des opérations conjointes, représentant près de 289 personnels de police et de gendarmerie sur le terrain.